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46 LA TERRE DE SERVITUDE. Voilà ceux que vous me dites de battre, Khamis. Fi ! enfant ! — Enfant! moi! vraiment. Je suis plus âgé que toi, plus grand et plus fort. C’est toi qui n’es qu’un enfant, sans cela tu ne croirais pas un mot de ce que disent ces deux menteurs. Je connais le monde mieux que toi; eh bien ! je le jure sur ma tète, je n’ai jamais rencontré, de nègre qui ne fût à la fois voleur et menteur. » Isa se mit à ricaner. « Oh ! dit-il, le beau petit garçon ; voilà le fds d’Amir, dont les « yeux noirs ressemblent au sinqoué », et dont « la peau est aussi blanche que l’ivoire le plus pur ». Eb ! Khamis, mon frère, notre ami Sélim serait-il devenu une petite fille pour prêter l’oreille à une pareille musique? Si tu es fait d’ivoire, de quoi sommes-nous faits, moi Isa, fils de Mohammed, et Khamis, fils de Khamis. » Cette moquerie d’Isa fit rougir Sélim, qui devint pourpre de honte. Mais il fut bien vengé par le petit Abdallah, et bientôt Isa n’eut plus les rieurs pour lui : « Mon père ne me trouve pas trop laid, dit Abdallah; eh bien, malgré cela, il voudrait me voir ressembler à Sélim. Quant à toi, Isa, ne te fâche pas, mais il ne faut pas te figurer que tu es beau. Tu es presque aussi noir que Simba, et.... — Menteur! » hurla Isa; dans sa fureur, il voulut frapper Abdallah, mais il en fut empêché par Khamis. Alors il se mit à poursuivre Abdallah autour du feu. Niani les observait sans rien dire, mais il avait son idée. Il était reconnaissant à Abdal lah d’avoir dit du bien de Sélim, et il avait décidé dans sa tète qu’Isa ne l’atteindrait pas. Au moment où Isa passait auprès de lui, Niani allongea brusquement la jambe et l’autre roula sur le sol aux applaudissements de l’assistance. La colère d’Isa se tourna contre Niani. L’ayant saisi par le cou et par les jambes, il l’emporta vers leTeu, « pour le réchauffer, » disait-il. Niani avait beau crier et se débattre, Isa aurait accompli sa menace,