LA TERRE DE SERVITUDE. 45 dant le paradis, tandis qu’il livre les mécréants à toute leur colère. — Eh bien, Simba, que penses-tu maintenant des esclaves et des vrais croyants? Nous pouvons les faire esclaves, et eux n’ont pas le droit. C’estleCoran qui le dit. » Tant pis pour le Coran ! pensa Simba dans l’honnêteté de son âme ; mais il n’osa pas le diretouthaut; il dit seulement : «Je pense toujours de même. C’est le môme Dieu qui a créé les Arabes et les inlidèles ; il leur a donné à tous un même cœur, et moi j’aimerais à savoir ce que pense là-dessus mon jeune maître Sélim. — J’avoue que je n’y ai jamais pensé. Tout ce que je sais, c’est que mon père a des esclaves, que mon père est un homme juste et respecté, et que le fds n’a pas d’ailleurs le droit de juger son père. —"Vous raisonnez avec eux, s’écria l’impétueux Khamis. Prenez-moi donc un bon fouet... — Vous êtes trop vif, Khamis, reprit Sélim avec douceur. Simba est bon et üdèle. Mon père l’aime et moi aussi, tout nègre qu’il est. Motto et Simba valent leur pesant d’or. » Simba et Motto voulurent se précipiter aux pieds de Sélim pour lui exprimer toute leur affection ; mais il les força à se relever. Dans leur naïf langage, tout rempli d’images, ils se mirent à faire chaleureusement son éloge, comparant ses grands yeux noirs au singoué 1 , et la blancheur de sa peau à l’ivoire le plus pur. C’était, selon eux! un jeune palmier, pour l’élégance et la force. Simba termina par les paroles suivantes : « Heureux l’homme qui vous appelle son fils; votre mère sourit pendant son sommeil quand elle rêve de vous. Vos esclaves sont fiers de vous appeler maître ! — lié, Khamis, dit Sélim, et vous, Isa, écoutez et comprenez. 1. Espèce de prune sauvage.