LA TERRE DE SERVITUDE. 4J — Trop! mon jeune maître, » répondit Simba sans lever les yeux ; il paraissait tout absorbé par le soin de faire reluire le canon de son fusil à pierre. C’était un de ses passe-temps fa voris. « Comment, trop? dit Isa surpris. Quoi, vous craignez que nous n’ayons trop d’amusement! Fi, Simba! N’avez-vous pas entendu votre jeune maître vanter votre bravoure et votre force; et pourquoi craindrions-nous d’avoir trop d’amusement? » de manda-t-il d’un ton moqueur. Simba, levant sur Isa ses grands yeux intelligents, répondit : « Ah ! maître Isa, vous êtes un enfant, et vous ne pouvez pas comprendre. — Vraiment, brave Simba, et pourquoi donc? —Vous ne pouvez pas comprendre, enfant, que ce qui est un amusement pour les uns, peut être un chagrin pour les autres, et que nous pouvons rencontrer sur la route tel amusement qui ne sera ni de votre goût ni du nôtre. » Il se remit à frotter son fusil qui n’en avait guère besoin, et prit un air encore plus grave. « Voyons, Simba, qu’est-ce que vous avez donc ce soir? lui demanda Sélim. — Pour dire la vérité, je n’aime pas la décision que les Arabes ont prise. Je crois qu’ils se sont trop hâtés d’adopter la route du sud. Personne ne la connaît mieux que mon ami Motto; si les maîtres l’avaient consùlté, mon esprit serait plus tran quille à propos de vous et de mon maître. — Qu’est-ce que vous savez là-dessus, Motto? Parlez, et dites-nous tout ce (pie vous savez. — Ce que Simba dit est la vérité. LesOuaroris sont mauvais, mauvais, mauvais, et les Ouatoutas sont encore pires, très- mauvais; et je crois que nous n’aurons que trop d’occasions de nous en apercevoir ».