34 LA TERRE DE SERVITUDE. dans la première enceinte; à mesure que nous y arrivions, nous nous abritions derrière les huttes qui étaient en dehors du quartier du roi. Alors, nous nous avançons graduellement, nous tirons tout en marchant, nous nous précipitons sur la seconde palissade ; et introduisant le canon de nos fusils par les ouvertures, nous tirons dans la foule. Je vous assure que c’était horrible; les gens tombaient en si grand nombre que nous n’aurions pu les compter ; aussi, au bout de quelque temps, ceux qui restaient se mirent à crier : Aman, Aman'! Les portes de la palissade intérieure furent brisées en un instant, et les hommes de Kisesa s’y précipitèrent avec un tel bruit qu’on aurait pu les entendre à un jour de marche. C’étaient de tous côtés des coups de fusil, des buées, des cris et des chants! N’étaient-ils pas vainqueurs? Je fus entraîné par la foule vers la maison du roi. Le vieux Mostana combattit jusqu’à la fin, envoyant ses flèches avec tant de vigueur au milieu de la foule, que bien des hommes dé Kisesa, au moment même où ils chantaient victoire, tombaient morts, percés d’outre en outre par les flèches mortelles qu’il lançait d’une main assurée. À ses côtés se tenait un garçon de trois ans plus jeune que notre maître Sélim. Il était grand, droit, et mince comme une de ces zagaies qu’il lançait avec tant d’adresse et de rapidité dans la foule qui menaçait le roi. Kisesa en personne était avec nous; témoin de la valeur incomparable et de l’attitude de l’enfant, il cria : « Tuez Mostana, mais sauvez l’enfant. Cin quante vêtements à celui qui m’amène Kaloulou vivant. » Je suis né dans l’Ourori ; j’aimai cet enfant pour sa bravoure, dès le premier moment où je le vis. J’étais décidé à le sauver, s’il était possible, pour Kisesa; je n’étais pas non plus fâché de gagner les cinquante vêtements. Un bouclier, appartenant à 1. Quartier! quartier!