LA TERRE DE SERVITUDE. 273 « Il y a peu d’espoir de~ le retrouver, dit le vieux cheikh d’une voix émue. Je connais les mœurs des bandits qui l’ont pris ; il est mort, ou il est esclave ! » Dès le lendemain, le vieux cheikh commença avec ses pro tégés une tournée dans les habitations arabes. Partout on leur fit fête, et on les traita si bien qu’au bout d’un mois on ne s’apercevait plus à leur mine qu’ils eussent traversé des épreuves si rudes. Toutes ces fêtes leur faisaient prendre patience, mais ils soupiraient ardemment après le jour où ils se mettraient en route pour Zanzibar. Enfin ce jour arriva, après deux mois d’attente. Abdallah et Sélim furent confiés aux soins de Soud ben Sayd, qui condui sait à la côte une caravane de deux cents esclaves chargés d’ivoire. Sultan ben Ali et les autres Arabes leur firent la conduite pendant trois milles et se séparèrent d’eux en pleurant. Pendant leur voyage, qui dura soixante-dix jours, la cara vane n’eut pas une seule aventure; les stations succédaient aux stations avec une monotonie que rien ne venait rompre. Le soixante-dixième jour, des hauteurs qui dominent Baga- moyo, nos amis aperçurent avec une profonde émotion la mer qui baigne Zanzibar. Le lendemain, ils s’embarquèrent le cœur plein d’une douce émotion. Enfin, voilà Zanzibar; on approche; on reconnaît à grande distance jusqu’aux moindres détails de la côte. L’émo tion est si forte, qu’elle se manifeste par des cris que l’on pour rait presque appeler des vociférations ! Une fois débarqués, ils s’élancèrent au pas de course. Dans les rues, on se retournait avec étonnement, puis on souriait en voyant des yeux si brillants et des sourires si joyeux. « Hé Sélim! cria tout à coup Abdallah, voilà ma maison. » Sélim se mit à rire, et dit « voilà la mienne ». Ils s’embras-