268 LA TERRE DE SERVITUDE. tout de suite en relation avec les Arabes? Qu’avait-il à crain dre? Ne le recevrait-on pas à bras ouverts, pour l’amour de Sélim? Il sortit donc de sa cachette, et marcha d’un pas délibéré vers le campement. Dès que les Arabes l’aperçurent, ils lui adressèrent la parole et lui dirent d’avancer. Il fut aussitôt entouré d’une quarantaine de curieux. Trois hommes, probablement les chefs de la troupe, causaient en semble. Kaloulou remarqua qu’ils n’avaient pas la peau blanche comme Sélim et Abdallah. Le plus âgé des trois, qui avait de tous petits yeux, et qui était marqué de la petite vérole, demanda à Kaloulou qui il était, d’où il venait et pourquoi il se trouvait tout seul dans la forêt. Kaloulou répondit en souriant à toutes ses questions. L’homme aux petits yeux se tourna vers ses compagnons et leur parla rapidement dans une langue gutturale que Kaloulou ne connaissait pas. Il désignait souvent Kaloulou avec une canne de bambou qu’il tenait à la main; les autres faisaient des signes d’assentiment. Tout à coup, sans que le malheureux se doutât de rien, une demi-douzaine d’hommes se précipitèrent sur lui. En un clin d’œil il fut renversé et désarmé. L’homme aux petits yeux lui passa un collier de fer autour du cou, et le ferma avec un gros cadenas. Alors seulement, quand il fut pour ainsi dire rivé à un groupe d’esclaves, les hommes qui le tenaient le lâchèrent : le captif et son nouveau maître restèrent face à face. Kaloulou eut beau prier, supplier, invoquer le nom de Sé lim, menacer le marchand d’esclaves de sa colère, l’autre ne fit qu’en rire, et déclara que quand même tous les Sélim de la terre interviendraient, le jeune nègre était son esclave, qu’il l’avait d’abord estimé à un prix trop peu élevé, cl qu’il ne le donnerait pas pour cent dollars.