2.o 8 LA TERRE DE SERVITUDE. profonde, et ce fut bientôt pour eux une assez rude tâche que de se sauver eux-mêmes. Les femmes et les enfants furent emportés par le courant; on entendait leurs cris de désespoir; il y eut un moment de désordre indescriptible. La voix de Casema se fit entendre. Il recommandait de pla cer chaque femme entre deux guerriers, pour plus de sûreté. Les malheureuses qui étaient encore là sur l’autre bord, épou vantées du sort de leurs compagnes, refusaient de se laisser emmener dans la rivière; on les y traîna de force, malgré leur résistance et leurs supplications. Simba fit signe à Motto de prendre les arcs et les flèches des deux guerriers qui venaient de s’éloigner; quant à lui, il se réservait le soin de désarmer c( de faire taire le guerrier qui montait la garde auprès d’eux, le sabre en main. Motto fit passer le mot d’ordre à Ivaloulou et aux trois autres et fit signe à Simba de commencer. Avec la rapidité de l’éclair, Simba se leva, arracha au guer rier le sabre sur lequel il s’appuyait et fit rouler sa tête dans la rivière; il n’y eut pas un moment de lutte, pas un cri; comme il faisait nuit, personne ne s’aperçut de rien ; Motto ramassa rapidement les arcs et les flèches; puis, pour ne pas courir le risque de s’égarer, tous nos amis se prirent par la main et s’éloignèrent rapidement. Des cris aigus leur annoncèrent qu’un nouveau malheur venait d’arriver; dans un pareil moment, on ne songerait guère à les poursuivre. « Tournons au nord-ouest, dit Motto; si nous allions au nord, nous risquerions de rencontrer d’autres Ouazaouilas. » Ivaloulou bondissait de joie, Sélim et Abdallah rendaient grâces à Dieu, du plus profond de leurs cœurs, pour les avoir encore une fois tirés de la servitude. Quand le jour fut venu, ils virent devant eux une chaîne de montagnes, couvertes de verdure de la base au sommet. Par