LA TERRE DE SERVITUDE. 2o3 Ils eurent à peine le temps de se demander si c’étaient des ennemis et comment on allait les recevoir. La pirogue était déjà saisie par le ressac; une vague furieuse arracha la pagaie des mains de Simba et jeta la pirogue par le travers sur une seconde vague qui l’enleva comme une plume et la laissa re tomber avec violence. Une troisième la saisit avec une force irrésistible et la brisa contre le rivage. Les pauvres naufragés, étourdis de leur chute, n’eurent pas le temps de se relever; leurs ennemis (car c’étaient bien des ennemis) les saisirent aussitôt : ils étaient encore une fois esclaves. Leurs nouveaux maîtres étaient des nomades de la tribu des Ouazaouilas. Si Simba et ses compagnons avaient pu continuer leur voyage seulement trois jours, ils auraient atteint l’Ousoua où on les eût i*eçus en amis. Et c’était au moment même où ils allaient être libres qu’ils tombaient entre les mains de ces mi sérables maraudeurs; quel désespoir! Simba se défendit comme un lion ; mais que pouvait-il contre une multitude? il fut garrotté comme les autres. On les trans porta tous sous une espèce d’appentis, où les sauvages purent s’émerveiller à loisir sur la peau blanche et les cheveux longs des jeunes Arabes. Simba etMotto en écoutant leurs nouveaux maîtres apprirent qui ils étaient, pourquoi ils avaient quitté leur pays, et com ment ils se disposaient à y retourner. Us échangèrent à la dérobée un regard d’intelligence; tous deux avaient compris qu’avec de la patience et de la prudence ils réussiraient probablement à s’échapper encore une fois. Seulement, ils pouvaient craindre quelque violence imprudente de Kalou- lou, ou quelque résistance désespérée des deux jeunes Arabes. La tempête cependant s’était calmée ; la pluie avait cessé; les maraudeurs, après avoir attaché leurs prisonniers par le