LA TERRE DE SERVITUDE, 2ai vers lui, l’entourer, regarder d’un air soupçonneux le cava lier qu’il portait sur le dos, se précipiter vers Sélim, les oreilles droites, les lèvres retroussées, les dents à découvert comme pour le mordre, et le menacer de leurs ruades furieuses. Le zèbre qui lui servait de monture perdit probablement la tête et se sauva, poursuivi par toute la bande ; ils disparurent bien tôt dans la forêt. Kaloulou remarqua bien quelle direction ils avaient prise et revint toujours courant au bivouac. Simba fut au comble de la stupéfaction quand il apprit que Sélim était parti sur le dos d’un zèbre. Aussitôt il prit son fusil et suivit Kaloulou, qui était déjà reparti en courant. Niani se mit à pleurer; Simba lui dit de ne pas bouger de sa cachette et se précipita sur les traces de Kaloulou. Ils s’arrê tèrent un instant sous l’arbre où le zèbre était tombé, mort en apparence ; de là, Kaloulou montra à Simba la direction que le troupeau avait prise, et tous les deux partirent au pas de course. Les traces des zèbres furieux étaient imprimées profondé ment dans le sol ; et çà et là le zèbre blessé avait laissé de larges traces de sang. Tout à coup ils aperçurent le zèbre qui était couché sur le sol, pour ne plus se relever cette fois, eL Sélim qui s’avançait vers eux. Simba et Kaloulou étaient tellement hors d’haleine qu’ils furent obligés de se jeter sur le sol, et d’attendre que les bat tements de leur cœur se fussent apaisés, pour écouter Sélim. Son histoire était des plus simples. Quand sa monture était tombée, épuisée par la perte de son sang, il s’était jeté vive ment derrière un arbre, et le troupeau de zèbres, toujours au triple galop, avait disparu en hennissant. Après avoir pris les parties les plus délicates du zèbre, les trois amis retournèrent à l’endroit où Sélim avait laissé son