248 LA TERRE DE SERVITUDE. Kaloulou et Sélim s’élanceront audacieusement à la re cherche des aventures; le premier avec sa lance, son arc et ses flèches, le second avec son fameux fusil anglais. La forêt, qui était d’abord une futaie, devint bientôt un fourré épais; il n’y avait pas l’ombre de gibier. Tout à coup les deux amis débouchèrent dans un endroit qui avait les mouvements de terrain, les gazons et les bouquets d’arbres séculaires d’un véritable parc. A une centaine de mètres, des zèbres pre naient leurs ébats. Le chef de la bande avait éventé les deux chasseurs; la tête haute, le maintien assuré, il les surveillait avec attention. Sélim abattit vivement le canon de son fusil dans la paume de sa main gauche et visa le noble animal. Le coup partit et le zèbre roula sur le flanc. Le reste du troupeau s’enfuit au grand galop en poussant des hennisse ments aigus. Ils s’arrêtèrent hors de portée et se mirent à observer leurs ennemis. Kaloulou et Sélim, en riant comme des enfants et en bondissant comme des antilopes, se précipi tèrent vers l’animal blessé. « La belle bête ! » dit Sélim en regardant le zèbre avec admi ration. Comme il le croyait mort, il l’enjamba sans façon, lé prit par la crinière et dit à Kaloulou : « Quelle belle monture cela ferait! comme je voudrais avoir un pareil coursier pour retourner à Zanzibar ! » Tout à coup le zèbre se releva brusquement; Sélim n’eut pas le temps de se jeter de côté et fut emporté vers le reste du troupeau avec la rapidité de l’éclair. Kaloulou poussa un cri d’horreur, mais il ne perdit pas pour cela la tête ; il banda son arc et envoya une flèche dans les flancs du zèbre. Ce fut comme un coup d’éperon pour l’animal, qui partit d’un galop furieux. Les autres zèbres se mirent à hennir de joie en voyant revenir leur chef. Kaloulou les vit se précipiter