LA TERRE DE SERVITUDE. 24" de la nuit, ils aperçurent enfin le lac, le lac de Licmba ! S’ils avaient été silencieux pendant toute la route, ils se dédomma gèrent amplement aussitôt qu’ils eurent atteint le but. La vue s’étendait sur une immense surface d’un gris argenté, sur laquelle le vent du matin soulevait de petites vagues à crêtes d’écume. Le soleil du matin parsemait cette surface de grandes plaques de pourpre. Sur la gauche s’élevaient des col lines bleuâtres, entre lesquelles il y avait des forêts et de grandes échappées de vue. La marge du lac était une handede sable fin du plus beau blanc. A droite s’élevaient des montagnes rocheuses, dont les pentes, couvertes de mimosas et de tama rins, venaient expirer doucement au bord même du lac. Voilà ce que nos fugitifs ne pouvaient se lasser d’admirer. Étaient-ils désormais hors de danger? pas encore. En cas qu’on fût à leur poursuite, il leur faudrait ramer encore de longues heures avant de se croire tout à fait en sûreté ! Sélim et Kaloulou furent remplacés par Abdallah et Niani; quant à Simba et à Motto, ils étaient infatigables. Après avoir côtoyé huit heures de suite la rive droite du lac, ils arrivèrent à une petite île, où ils débarquèrent pour passer la nuit. Dès le lendemain matin, ils reprirent leur voyage. Simba, apercevant un intervalle entre deux collines, déclara que ce devait être un endroit giboyeux et qu’il fallait se mettre en chasse, vu que les provisions étaient au plus bas. Tout près de la rive commençait une forêt remplie d’arbres à fruits; nos affamés se jetèrent avec avidité sur les singoué ou prunes sauvages, et sur les mbembou, fruits qui ont à la fois le goût de la poire et celui de la pêche. Quand ils se furent bien rafraîchis, voici ce que Kaloulou proposa : Sélim et lui battraient le bois d’un côté, Motto et Abdallah d’un autre côté; Simba et Niani resteraient pour garder la pirogue. Cet arrangement lut accepté.