240 LA TERRE DE SERVITUDE. tiendront sans doute à s’informer de ce qu’il est de venu. » A l’aube, Motto réveilla ses compagnons, qui firent un grand feu pour se réchauffer. Kaloulou coupa les griffes du lion et les partagea entre toute la bande, comme un trophée. Simba eut soin de détacher du cou l’énorme crinière, qui fut également partagée. On se remit en marche, chacun ayant reçu l’ordre d’avoir l’œil au guet. Simba vit un koudou et se mit à sa poursuite. Il l’atteignit d’une halle ; la chair de cet animal fut un grand régal pour tous. Motto proposa qu’on prît un jour de repos; Abdallah et Niani abondèrent dans son sens et déclarèrent qu’ils étaient morts de fatigue. Simba, Kaloulou et Sélim ayant déclaré qu’il fallait pousser en avant jusqu’à ce qu’on fût en vue du lac Liemba, Motto n’insista pas; quant à Abdallah et à Niani, ils déclarèrent que la chair du koudou leur avait rendu toutes leurs forces. La plaine qu’ils traversaient était toujours aussi belle; con tinuellement, dans le lointain, on apercevait des troupeaux de buffles, de girafes et d’antilopes. De loin en loin, pour rompre la monotonie de la plaine, s’élevaient des bouquets de mimosas, de tamarins, des groupes de palmyras, qui donnaient une grâce particulière au paysage. Au-dessus de leurs tètes, des milans, des vautours et des faucons planaient, en quête d’une proie ; dans les bosquets et dans les fourrés, les petits oiseaux chantaient gaiement. Quel calme et quel repos d’esprit pour un fugitif, après tant d’épreuves ! « Un si beau pays, dit Kaloulou, ne doit pas être désert; nous allons certainement rencontrer bientôt des cultures, car nous ne sommes pas bien loin du lac. »