236 LA TERRE DE SERVITUDE. souvent inextricable. L’air était chargé d’odeurs pénétrantes et âcres. La moindre piqûre, le simple contact de ces plantes hideuses causait d’intolérables démangeaisons. Ce n’était pas tout. Le sol était littéralement jonché des graines d’une herbe épineuse, dont les piquants sont aussi raides et aussi aigus que ceux d’un hérisson. Imaginez des hommes qui marchent pieds nus sur un tapis de hérissons en miniature; autant vaudrait marcher sur des cendres chaudes. Il fallait s’arrêter à chaque pas. La terre était brûlante et toute crevassée. Quelques-unes de ces crevasses étaient si considérables que les malheureux trébuchaient à chaque pas, et risquaient de se démettre le pied. La soif commença à se faire sentir, il fallut l’endurer toute la journée. Le soir seulement on trouva une espèce de mare remplie d’une boue liquide d’apparence crayeuse. Le sol était défoncé tout autour par le piétinement des bêtes sauvages. Quand on meurt de soif, on n’y regarde pas de si près, et nos héros furent encore bien contents de rencontrer cette affreuse boisson. Le jour suivant, ils sortirent enfin de ce fourré, et débou chèrent dans une plaine sans arbres, toute couverte de grandes herbes desséchées. Le niveau de cette plaine était bien au- dessous de celui du fourré; Kaloulou en conclut qu’ils étaient dans la bonne voie, et qu’ils commençaient à descendre vers le territoire que baigne l’extrémité sud du lac Liemba; Molto et Simba furent de son avis. En avançant toujours à l’ouest, ils s’aperçurent que l’hori zon semblait s’élever à mesure qu’ils continuaient à descendre. La marche devint très-difficile. La prairie qu’ils avaient par courue s’était tranformée en une plaine, remplie de joncs qui croissaient par touffes ; entre ces touffes, la terre déprimée