234 LA TERRE DE SERVITUDE. au village de la tribu des Méroenis, Tifoum me laissa en arrière, sur l’ordre de Férodia, et je vis alors que je ne pour rais rien faire pour vous. La nuit de l’attaque, j’essayai de vous rejoindre, mais cela • 1 me fut impossible. Le lendemain nous partîmes pour le village de Ivatalamboula, mais le coup était fait. Je vous vis emmener comme esclaves ; j’avais grande envie de pleurer, mais Tifoum était là ; et s’il m’avait vu pleurer, il m’aurait roué de coups. Alors je me mis à réfléchir, et à me demander comment je pourrais vous venir en aide. Je ne pensais plus qu’à cela la nuit et le jour. Quand Soltali fut brûlé, et que j’entendis les menaces de Tifoum contre Kaloulou et Sélim, je me dis : « Il faut que je me risque cette nuit. » Je crois que Tifoum faisait exprès de ne pas s’endormir ce soir-là. Je lui pris son couteau, et j’allai couper les cordes qui vous retenaient la tète dans ces abomi nables colliers. —Tu es un brave garçon! » dit brusquement Motto. 11 était ému et ne voulait pas le laisser voir. Simba, allongeant ses grands bras, enleva Niani comme une plume, et le serra, sans le faire crier cependant, contre sa robuste poitrine. « Bon petit garçon, bon petit garçon! » lui rugissait-il à l’oreille; et encore il croyait parler doucement. Mais si le ton était rude, le sentiment était profond et sin cère, et Niani le sentit bien, car ses yeux se mouillèrent de larmes. Mais voici bien autre chose : Sélim lui-même, Sélim qui était si élevé au-dessus de .lui dans l’idée du pauvre petit, Sé lim qu’il avait vu dans tout l’éclat de ses costumes de soie et d’or, Sélim qui avait là-bas, à Zanzibar, une mère si admi rablement belle, prit la main de Niani et la serra dans les