LA TERRE DE SERVITUDE. 229 sous lesquelles pointaient les pousses nouvelles. C’étaient ces pousses vertes que les buffles étaient entrain de brouter. C’était une question sérieuse pour les chasseurs de ne pas manquer leur coup : la faim les faisait cruellement souffrir, et ils étaient incapables de continuer leur route sans avoir pris quelque nourriture. Ils n’étaient plus soutenus d’ailleurs par l’excitation que leur avait causée d’abord la joie d’être libres ; et c’était pour eux une impérieuse nécessité de se procurer de la nourriture. La nécessité, mère de tous les arts, enseigna aux plus inexpérimentés l’art de s’approcher des buffles sans les effaroucher. Les chasseurs s’avançaient donc prudemment, cachés dans les grandes herbes, profitant des monticules qui étaient nombreux, et se dissimulant derrière les palmiers. De minute en minute la distance diminuait, chacun retenait son haleine, en proie à une horrible crainte, celle de voir quelque compagnon maladroit mettre le gibier en défiance. De temps à autre, ils levaient la tête pour voir où ils en étaient, et ce que devenaient les animaux qu’ils allaient attaquer. Kaloulou, qui avait une longue expérience pour son âge, trouva sa tâche bien facile, plus facile q;.e Simba et Motto eux-mêmes ; son corps souple et vigoureux se glissait sans dif ficulté à travers les grandes herbes; aussi, bien avant tous les autres, il s’était approché de l’un des buffles, aussi près que la prudence le lui permettait. Déjà la flèche était sur la corde, l’arc était tendu, Kaloulou n’attendait plus que le signal. Simba ayant surveillé son monde et ayant attendu pa tiemment quelques minutes que tous les chasseurs fussent prêts, fit entendre un léger sifflement. Aussitôt Kaloulou se releva et pendant une minute examina le terrain. Motto était à droite de Simba, et Simba tout près de Kaloulou. Abdallah était à sa gauche, à quelques mètres derrière lui, et visait