228 LA TERRE DE SERVITUDE. matin-là, les voyageurs étaient trop affamés pour contempler longtemps le paysage, et pour ouvrir leur oreille au chant ma tinal des oiseaux. Ils marchaient depuis une heure, quand Simba s’arrêta brusquement. On était à la lisière de la forêt; une plaine s’é tendait au loin, tout inondée de lumière et bordée par un ourlet de collines. « Là-bas ! dit Simba en étendant le bras, voyez-vous des buffles ? » Cette nouvelle émut fort la troupe affamée. « Où donc sont- ils? » telle fut la première question qui vint sur toutes les lèvres. En suivant avec soin la direction indiquée par le doigt de Simba, et en clignant les yeux, on pouvait apercevoir va guement quelques taches sombres au milieu de la plaine. Tous se précipitèrent de ce côté. Niani brandissait sa lance avec des intentions si meurtrières qui eussent sans doute épouvanté les buffles s’ils avaient pu l’apercevoir. Aux derniers arbres, Simba, pour assurer le succès de l’en treprise, donna ses instructions à ses hommes. Ils devaient s’a vancer en rampant, à quarante mètres les uns des autres* afin d’entourer les buffles de tous côtés, excepté du côté du vent; ils devaient garder le plus profond silence, et éviter de faire le moindre bruit. Ils se lèveraient et feraient feu seulement quand ils entendraient un coup de sifflet. Le chasseur Motto insista, au nom de son expérience, pour que l’on suivît de point en point, dans l’intérêt commun, les instructions de son cama rade. Heureusement le vent venait de l’ouest; ils ne furent donc pas obligés de faire un trop long détour. De plus, ils pouvaient se dissimuler derrière de légers monticules, anciennes four milières abandonnées, couvertes d’une herbe jaune très-haute. La plaine aussi était couverte de grandes herbes desséchées,