224 LA TERRE DE SERVITUDE. — Que de paroles ! demande donc ce que tu veux. — A Zanzibar, j’ai une belle maison, entourée de beaux jardins, où viennent toutes sortes de fruits délicieux. A Zanzi bar, j’ai une mère, pleine de tendresse. Promets-moi donc de renoncer pour le moment à tes projets de guerre, et de venir vivre dans ma maison, goûter les fruits de mon jardin. Ma mère, qui m’aime tant, t’aimera aussi quand elle saura ce que tu as fait pour moi. Kaloulou ne répondit pas. Il avait été très-ému tout le temps que Sélim lui avait parlé. 11 semblait hésiter à s’engager par une promesse ; et cependant il n’était peut-être pas éloigné de se laisser aller à la faire, par amitié pour son frère. Il y eut un silence de quelques minutes, qui fut rompu par la basse- taille de Simba. « Jeune chef, Sélim a prononcé de sages, paroles. Ni Motto ni moi nous n’aurions si bien trouvé. Lejeune maître est plus sage que Simba et Motto. Tu seras un jour roi de l’Outouta; pour le moment, tu t’exposerais à des dangers inutiles. Viens donc à Zanzibar, voir des choses étranges que tes yeux n’ont jamais vues. Viens apprendre la sagesse des Arabes et des Nazaréens, pour devenir plus tard un plus grand roi que Loralamba. A Zanzibar, d’ailleurs, tu trouveras des hommes tout prêts à te seconder, quand tu te seras fait connaître; à leur tête, tu pourras renverser Férodia. J’ai dit. — J’irai à Zanzibar ! s’écria Kaloulou, convaincu par les raisons de Simba. Oui, j’irai à Zanzibar, pour apprendre à être un grand roi. Je retournerai dans l’Outouta, grand, fort comme Simba, et Férodia fera bien de prendre garde à lui. Qu’il jouisse de la graisse de la terre ! qu’il jouisse de tout ce qu’il a volé, jusqu’au retour de Kaloulou. J’en jure par les cendres de Soltali, par le tombeau de Mostana, je tirerai de lui une vengeance éclatante ! J’ai dit.