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LA TERRE DE SERVITUDE. 223 a pas de danger qu’on nous poursuive maintenant; comptez là-dessus pour vous décider. Voyons, Simba, voyons Motto, encore une fois, où voulez-vous aller ? — Réponds toi-même, jeune chef? dirent les deux nègres. — Moi? Eh bien, soit ! mon idée est de retourner vers l’est, en traversant la forêt, puis de tourner au nord-ouest, de recueillir ce qui peut rester de ma tribu, et de recommencer la guerre contre Férodia; oui, la guerre, jusqu’à ce que le dernier de ceux qui ont levé la lance en sa faveur soit tombé pour ne plus se relever. Voilà mon projet à moi. » Il était si ému en disant cela, que ses mains tremblaient de colère. En ce moment, Kaloulou sentit qu’on lui touchait douce ment l’épaule ; il tourna la tète. Sélim le regardait de ses yeux si doux et si affectueux. « Kaloulou, dit-il, à nos yeux tu es toujours le roi des Oua- toutas. Assieds-toi tranquillement auprès de moi, comme Abdallah et Niani, et écoute ce que ton frère Sélim a àte dire. » Kaloulou s’assit sans prononcer une parole : ses yeux n’étaient plus hagards ; il n’était plus agité de ce tremblement nerveux si terrible à voir. La douceur du regard et de la voix de Sélim l’avait calmé. Sa fureur se changea en attendrisse ment, et, pour la première fois de sa vie, il pleura. « Kaloulou, dit Sélim en lui prenant la main, tu m’as sauvé de la mort. Tu as eu pitié de moi, et tu m’as aimé, tu sais combien je t’aime aussi. Tu m’as tiré des mains de Tifoum, tu as sauvé mon ami Abdallah des dents du crocodile. Kaloulou, mon frère, après tout ce que tu as fait pour moi, j’ai une faveur encore à te demander, c’est quelque chose qui me ren drait bienheureux. Cependant j’hésite un peu... — Parle, Sélim, que peut faire Kaloulou pour toi? Ne sais- tu pas bien qu’il te suffit de lui commander? — Alors, tu me promets de ne pas me refuser ?