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200 LA TERRE DE SERVITUDE. tais la tête comme lui. Pas plus tard que le jour de notre départ pour la chasse aux éléphants, il me disait ce que j’aurais à faire quand je serais roi. Il m’a conseillé de prendre un grand nombre de guerriers, et de faire le tour de l’Outouta, pour voir par moi-même ceux qui payent le tribut, et ceux qui ne le payent pas. Quand le roi oublie ses peuples, me disait-il, les peuples oublient qu’ils ont un roi, et veulent agir par eux- mêmes. Cela commence par des querelles ; cela finit par la guerre entre les tribus, et le peuple s’affaiblit. Je suivrai son avis, et à la pleine lune prochaine, je commencerai mon voyage. Dis-moi, Sélim, seras-tu content de voyager? — Oh Kaloulou ! tu es roi maintenant de toute cette grande nation; tu peux tout ce que tu veux. Toi qui n’étais qu’un enfant comme moi, tu es devenu en un seul jour un roi redou table. Pourtant, il y a quelques jours, sous l’arbre où gisait P éléphant, tu m’as embrassé, tu m’as dit toutes sortes de bon nes paroles. Veux-tu m’accorder une faveur? — Si je veux t’accorder une faveur? Peux-tu croire, Sélim, parce que je suis devenu roi, que j’oublie que nous sommes frères. Demande-moi ce que tu voudras, tu es sûr de l’obtenir. Voyons, parle, qu’as-tu à me demander? — Maintenant que tu es roi, permets-nous, à Abdallah, à Simba, à Motto et à moi, de retourner dans notre pays. — Partir, s’écria Kaloulou, et me laisser tout seul ! Qu’a donc fait Kaloulou a ses amis, pour que ses amis songent à l’abandonner ? — Mon frère, reprit Sélim, tu ne nous as fait que du bien. Tu as été pour nous trop bon en toutes choses. Que serions- nous devenus sans ton amitié, lorsque ce grand malheur nous a frappés à Ivouikourou? Mais, mon frère, à Zanzibar, j’ai ma mère qui pleure parce qu’elle me croit mort ; Abdallah a la sienne; Simba et Motto ont des femmes et des enfants. Mon