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l'O LA TERRE DE SERVITUDE. fer, pour s’en servir comme d’un poignard. Aussitôt il plongea la tète la première, à l’endroit où Abdallah avait disparu, sans s’inquiéter du danger auquel il s’exposait lui-même. A peine Kaloulou avait-il disparu, que Simba et Mollo plon gèrent à leur tour. Ils avaient jeté leurs fusils, et s’étaient armés de leurs grands coutelas. La rivière, troublée un instant, reprit son cours paisible, et sa surface, calme et riante, ne lais sait rien deviner de ce qui se passait dans ses profondeurs. Les quelques instants qui s’écoulèrent parurent des siècles à Sélim; les mains jointes, penché vers la rivière, il regardait d’un œil hagard cette surface perfide, derrière laquelle avaient disparu ses amis. . Trente secondes à peine s’étaient écoulées, lorsque la surface de l’eau commença à se troubler de nouveau ; l’agitation devint violente comme celle d’une lutte, l’eau se teignit d’une couleur de pourpre ; la queue du crocodile apparut frappant l’eau de battements convulsifs, qui la faisaient écu- mer. Immédiatement après, reparut la tète d’Abdallah; puis Kaloulou, Simba et Motto se montrèrent à la fois : tous se hâtaient de regagner file. Quand ils touchèrent le bord, Sélim s’aperçut que Kaloulou soutenait, la main passée sous la hanche, le corps d’Abdallah évanoui. Les deux guerriers se trouvèrent à point pour recevoir le pauvre corps, presque privé de vie, et le transportèrent avec soin à quelques pas de la rivière. Kaloulou tordit ses tresses pour en.exprimer l’eau, et arracha de la tête ses plumes d’autruche souillées de fange; tout en prenant ces soins, il riait de tout son cœur, et il dit .à Sélim d’un ton triomphant : « Nous étions trop nombreux pour le crocodile, Sélim. Ce n’est pas encore cette fois qu’il aura mon esclave Abdallah. — Que tu es brave, que tu es bon, Kaloulou ! » Les larmes lui coulaient sur les joues, et il se jeta dans les bras de Kaloulou.