LA TERRE DE SERVITUDE. 106 massue. D’un bond léger, Sélim se précipita hors du cercle qui l’entourait, et lançant aux oreilles de Férodia un éclat de rire méprisant, il partit comme une flèche vers la hutte du roi. Tout en courant, il criait : « Kaloulou! Simba, à moi ! à moi ! » Il touchait le seuil du roi, quand il se sentit saisir par une main violente. Il se retourna : c’était encore Tifoum qui le tenait. La rage lui avait donné des ailes. Il précipita l’enfant sur le sol pour exécuter la cruelle sentence de Férodia. Sélim avait la tête perdue, quand il entendit un cri, un rugissement de rage ; en même temps, la main qui le tenait renversé sur le sol lâcha prise. Enfin, Simba était face à face avec le monstre qui avait battu le fils d’Amir. Sélim n’eut pas le temps de crier qu’il pardon nait à Tifoum ; en un clin d’œil, il vit le corps de Tifoum tour noyer en l’air, et retomber au milieu des guerriers qui accou raient à son secours. C’était comme un boulet de canon; il fit sa trouée dans le groupe, et envoya une demi-douzaine de guerriers mesurer le sol. Quand Férodia vit que ce géant de Simba se mêlait de l’affaire, il jugea facilement que Tifoum était en danger; prenant sa lance, il accourut sur le champ de bataille. Lorsqu’il vit l’ex ploit de Simba, c’est à peine s’il en put croire ses yeux, et la stupéfaction l’empêcha de se servir de son arme. En ce moment, trois personnages nouveaux entrèrent en scène : Motto, qui avait couru après Férodia pour voir com ment les choses se passeraient, et qui prenait un air indiffé rent, très-amusant à voir, puis le roi et Kaloulou. Katalamboula, vieux, presque infirme, savait cependant en quelques occasions montrer la dignité et la fermeté d’un roi. Il s’avança et se tint debout devant Férodia et Simba, la lance à la main, avec un air imposant.