LA TERRE DE SERVITUDE. I 2o reconquise l’avait comme transformé ; une émotion mêlée de joie gonflait sa poitrine ; son pas était plus ferme ; il relevait la tète en marchant. Quelque chose le poussait en avant ; il avait oublié tout d’un coup sa fatigue, et il éprouvait un impérieux besoin de se remuer. 11 allait toujours à travers la forêt, au milieu des ténèbres. Il semblait que ces ténèbres ne se dissiperaient jamais; il était loin de s’en plaindre ; plus longtemps durerait la nuit, plus longtemps ses ennemis dormiraient. Quand le jour parut, il était déjà bien loin du campement des Ouatoutas. D’abord la lumière grise du matin, tout en lui permet tant de se mieux diriger, laissait aux bois tout leur mystère, et partout régnait une délicieuse fraîcheur; peu à peu le soleil éclaira le haut des branches, puis il lança ses flèches d’orjusque dans les profondeurs des fourrés. Vers midi, toujours sous bois, Sélim arriva près d’une mare tranquille. Comme des coupes d’or, les fleurs du nénuphar jaune pointaient à la surface, pendant que les larges feuilles flottaient à plat d’un air d’indolence et de quiétude. Quel goût délicieux avait cette eau ! comme l’endroit était frais et tranquille ! quel profond silence régnait dans la forêt, à cette heure de midi ! Il se fit comme un grand apaisement dans l’àme du fugitif. A quelque distance, il aperçut un énorme baobab. L’écorce était percée d’un large trou ; en y regardant par curiosité, Sélim s’aperçut que l’arbre était creux. L’intérieur formait comme une véritable petite chambre. Il s’y introduisit, après s’ètre assuré qu’elle n’était le repaire d’aucun animal, et s’y installa pour dormir. Il avait échappé à ses ennemis; il était libre ! 11 faisait nuit quand il s’éveilla;,il pouvait avoir dormi huit Geograph/scfie ZerMralbibHoth#*