LA TERRE DE SERVITUDE. 99 — Tu as une fidèle mémoire, Motto. Mais lequel crois-tu le plus heureux, d’Amir mort ou de Sélim prisonnier? — Tu renouvelles tout mon chagrin, Simha, en me rappe lant tout ce que le pauvre enfant doit souffrir. Si je n’avais pa l’espoir de lui être utile plus tard, je ne l’aurais pas quitté. Amir est heureux dans le paradis, mais Sélim, son iils, sera bien malheureux sur terre. — C’est justement ce que je pensais, dit Simha. Brave en fant ! Était-il beau le jour où il a demandé à son père si Simba avait bien gagné sa liberté ! Quelle douceur dans ses beaux yeux, quelle tendresse pour moi et quelle reconnaissance! Ah ! Sélim, maître absolu du corps et de l’;\me de Simba, malheur à ceux de ces sauvages Ouatoutas qui t’auront fait souffrir ! — Ils ne feront pas de mal à Sélim, dit Motto, ni aux autres jeunes Arabes; ils les garderont comme des objets de curiosité. A moins que quelqu’un de ces sauvages n’ait vu les Arabes faire la traite des esclaves; dans ce cas-là, que Dieu ait pitié des pauvres enfants ! — Motto, s’écria Simba en se levant, veux-tu me rendre fou? parle donc! Notre Sélim, cet enfant si cher et si tendre ment aimé, deviendrait esclave? Réponds-moi donc ! — Oui, esclave; tous seront esclaves, et traités comme des chiens. — Nous n’avons pas obéi aux dernières volontés d’Amir, en nous échappant du camp des Ouatoutas. Il nous avait dit de veiller sur Sélim. J’y retourne! » Et Simba ramassa, pour par tir, son fusil et ses zagaies. « Tu es fou, nous ne pouvons rien pour Sélim en retour nant chez les Ouatoutas. Achevons ce que nous avons com mencé. Il faut aller au village de Katalamboula et voir Kaloulou. Il n’y a que lui qui puisse nous sauver, et Sélim avec nous. — C’est vrai, tu as raison, dit Simba. Dormons, et au point