- 15 - touché par ce qui manque, en voulant jouir de ce qui existe encore; et ne trouvera-t-il pas partout des lacunes et des mutilations auxquelles l’homme érudit peut seul suppléer. Qui en douterait? C’est en s’apercevant que les dévasta tions nuisent à la contemplation entière des anciens mo numents qu’on a été conduit à faire des restaurations qui tourmentent souvent l’oeil du connaisseur plus que les ruines elles-mêmes. On s’est figuré ne pouvoir jouir d’un monument qu’en le voyant dans un ensemble quel conque, et on a préféré en composer un à son gré, au lieu d’astreindre l’esprit à réaliser le tout dans ses vraies formes. Il en était et il en sera toujours ainsi parce que cela est conforme à notre sentiment artistique. Ce que nous venons de dire des monuments et des sculptures, s’applique également à la majeure partie des autres ruines de l’antiquité. Telles qu’elles sont parvenues jusqu’à nous, elles excitent continuellement une sensation mêlée de plaisir et de regret. L’éparpillement des restes antiques s’ajoute encore à leur dévastation pour augmenter cette double sensation 1“ A ces observations ingénieuses du Dr. Overbeck, nous nous permettons d’ajouter qu’il existe dans Rome des monuments de l’antiquité que l’ami des arts n’est capable d’apprécier que dans leur isolement, et dont l’érudit même sent plutôt l’ensemble et les rapports réciproques des différentes parties, qu’il ne les comprend. On découvrit donc dans les fouilles faites à Hercu- lanum et à Pompéi, des trésors d'art et d’antiquité, qui mènent, comme par la main, l’ami de l’antiquité dans l’in térieur des maisons romaines, où il trouve les objets d’art et ceux d’un usage journalier, non-seulement intacts, mais encore rangés à la place qui leur avait été assignée par leurs auteurs, ce qui rappelle, avec de vives couleurs,