76 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. stance, déploya toutes les qualités d’un véritable préfet de police. Ce fut à Jiwa-la-Mkoa (la Roche-ronde), que nous passâmes la journée du 1 er janvier 1861. Le lendemain arrivèrent des nou velles qui nous y retinrent encore sept jours. Les esclaves que Mousa nous avait envoyés, arrêtés en route par la difficulté de se procurer des aliments, étaient retournés sur leurs pas. Les en virons de Kazeh, ravagés par la famine, ne pouvaient me pro curer le grain sur lequel je comptais. Dans de telles circon stances, impossible de marcher en avant ; et tout ce que je pus faire, après avoir expédié à Mousa une nouvelle ambassade, fut de disperser mes gens dans les villages environnants pour y en- Le Tembé, ou village cj’argile, à Jiwa-la-Mkoa. rôler des portefaix vouakimbou. Sur ces entrefaites, et le 7 jan vier, notre camp fut mis en grande alerte par la nouvelle que le chef fugitif Manoua Séra se dirigeait de notre côté à la tête de trente hommes armés de mousquets ; mais à la vue de mes gens rangés en bon ordre devant ma tente, le sabre-baïonnette au bout du fusil, « l’Ivrogne » jugea prudent de s’éloigner quel que peu et de m’envoyer une députation pour m’annoncer sa visite. Il vint effectivement, avec une escorte, dès que j’eus témoi gné l’intention de le bien accueillir. — « Apprenant, disait-il, que je manquais de porteurs, il ne demandait pas mieux que de m’en fournir si je voulais le conduire à Kazeh, pour m’y constituer l’arbitre médiateur de ses différends avec les Arabes.» Ce jeune