L’OUZARAMO. 43 Le Mzaramo (l'habitant de l’Ouzaramo), cultive les champs et n’élève pas de bétail, si ce n’est quelques chèvres dont il fait com merce. La chasse aux. esclaves, qu’il pratique avec habileté, lui procure d’assez gros bénéfices et lui permet de satisfaire son goût pour la parure, trait caractéristique de la race. Le soin particulier qu’il met à disposer sa chevelure et à se frotter la peau d’une espèce d’argile couleur d’ocre, atteste des disposi tions au dandysme; son arc, ses flèches sont toujours en bon ordre, et ces dernières, enfermées dans un carquois délicate ment ouvré, portent avec elles un poison subtil. La traversée du pays n’est à peu près sûre que pour les voyageurs sans res sources, car la population est composée d’insatiables vo leurs. Quant aux caravanes, on essaye de les intimider; mais en somme, moyennant quelques bonnes paroles, elles s’en tirent à peu de frais. Soit orgueil, soit pour ajou ter à leur prestige par un lointain mystérieux, les chefs traitent volontiers par délé gués la quotité du hongo ou droit de passage qu’ils préten dent extorquer. Çà et là, sur la route, un petit tas de cen dres blanchâtres, parmi les- Natiide l’Ouzaramo. quelles on distingue des ossements calcinés. Ce sont, à ce qu’on assure, les restes de certaines femmes naguère brûlées pour sorcellerie. Nous longeons les hauteurs qui bornent à droite la vallée de la Kingani. Nos regards embrassent les plaines de l’Ouzégura, district parallèle à l’Ouzaramo, dont la Kingani le sé pare;' il s’étend au nord jusqu’à la rivière Pangani, et se trouve coupé à son centre par la rivière Youami, dont nous aurons à parler plus loin. Notre caravane est trop nombreuse et trop mêlée pour que tout s’y passe régulièrement. Elle se compose de dix soldats hot- tentots, dont un caporal, de vingt-cinq Béloutchis sous les ordres d’un djémadar, d’un kafila-bashi arabe, à la tête de soixante-