CONCLUSION. 557 ses députés qui tint à honneur d’appeler l’attention de la Chambre des communes sur les éclatants services de son jeune compatriote. Lord Pal- merston releva le gant au nom du pays tout entier, et la reconnaissance nationale promettait à notre voyageur les plus magnifiques récompenses lorsque la mort vint brusquement l’arracher aux enivrements de sa célé brité naissante. L’Association britannique tenait dans la ville de Bath les assises de son congrès annuel. Membre du comité de géographie, Speke devait y prendre la parole en présence du capitaine Burton, jadis son associé, maintenant son rival et son contradicteur. Le capitaine Grant assistait à ce rendez- vous, ainsi que le docteur Livingstone, et cette pléiade de voyageurs intrépides, groupée autour de sir Roderick Murchison, fixait l’attention générale. Coïncidence étrange, ce fut au moment même où le comité de la section de géographie (section E) débattait la question de savoir s’il convenait de provoquer, par une démarche directe auprès du gouverne ment, les marques de faveur dues aux deux explorateurs du N’yanza Victoria, — ce fut à ce moment, disons-nous, qu’arriva la nouvelle de l’horrible accident qui venait d’enlever Speke à sa famille et à ses amis. Sir R. Murchison interrompit le débat, et d’une voix émue annonça le fatal événement. Le capitaine Burton, dont les lèvres se refusaient à parler, saisit un crayon et traça sur un morceau de papier qu’il fit passer au président, l'expression sentie de ses vifs regrets et de son admiration pour « l’ardeur et la loyauté » de son ancien camarade. Les obsèques du capitaine Speke ont eu lieu le 23 septembre dernier. Ses restes reposent dans le caveau de famille qu’abrite l’église de Dow- lisli-Wake. Une souscription est ouverte pour élever un monument « à l’Européen qui le premier, avec le capitaine Grant, traversa du sud au nord le centre de l’Afrique équatoriale ; à celui qui (abstraction faite de tout conflit d’opinions au sujet des sources du Nil), a incontestablement déterminé l’existence et le site du vaste bassin aquatique au dehors du quel s’épanche ce fleuve *. » Le Traducteur. 1. Sir William Miles. 2- Nous avons tenu à placer ici, textuellement, les paroles dont s’est servi sir R. Murchison, quand il s’est fait le promoteur de la souscription nationale pour le monument Speke, ouverte à Londres dans les bureaux de la Société royale de géographie, 15, White-Hall-Place, S. W. FIN.