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556 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. cessions à son humeur aventureuse. Congés sur congés lui furent accor dés. Il en profita pour explorer les parties les moins accessibles de l’Himalaya, et s’avancer, pionnier intrépide, dans certaines régions du Thibet, sur lesquelles on n’avait encore aucunes notions précises. Bota niste, géologue, mais surtout naturaliste passionné, il formait de pré cieuses collections et rapportait de chaque voyage des cartes levées avec un grand soin. Ces heureux résultats autorisaient ses chefs à lui laisser une liberté à peu près complète. Ainsi préparé, le hardi voyageur aborda la grande entreprise de toute sa vie : la découverte des sources du Nil. Profitant de quelques rensei gnements recueillis par deux missionnaires allemands (le docteur Krapf et le Rév. Rebmann), sur l’existence de grands lacs d’eau douce occupant plusieurs degrés, au sud et au nord de la région équatoriale, dans le centre du continent africain, le capitaine Burton et le capitaine Speke essayèrent d’y arriver par le nord. Ce fut l’objet d’une première expé dition au pays des Somals, racontée en détail par notre voyageur dans le Blackwood's Magazine (1854 et 1855), et tout récemment dans un vo lume intitulé : Wliat Isd to the discovcry of the sources of the Nile. Le capi taine Burton en a donné une autre version dans ses First footsteps in Eas- tern Africa. Speke, échappé par miracle à des mésaventures qui avaient failli lui coûter la vie, se hâta de courir en Crimée, où il servit, comme volontaire, dans les rangs des troupes fournies par le Sultan. Après la campagne, il eut d’abord fantaisie d’étudier la faune du Caucase, mais renonçant à ce projet, il partit pour rejoindre le capitaine Burton qui, une seconde fois, allait pénétrer en Afrique. Cette nouvelle expédition (juin 1857 à mars 1859) conduisit les deux aventureux compagnons jusque sur les bords du lac Tanganyika. Nous avons expliqué, au début de ce volume, par quel heureux hasard Speke fut amené, se détournant de sa route, à constater l’existence du N’yanza, ou lac, qu’il a baptisé du nom de sa souveraine. Sa découverte lui suggéra une hypothèse hardie ; il pressentit, il devina que cette espèce de mer intérieure, réservoir profond où se déversent les eaux des montagnes de la Lune, devait être le point de départ du grand fleuve dont il espérait fixer la mystérieuse origine. Vainement son compagnon ne voulut voir qu’un rêve dans cette conjecture sans preuves. Speke se promit de tran cher à tout prix la question qui venait de se poser ainsi devant lui, et tel a été le but de sa troisième campagne (1859-1863) accomplie de concert avec le capitaine Grant. C’est celle qui est racontée jour par jour dans les pages ci-dessus. Bien que certains esprits scrupuleux aient envisagé comme encore in complète la solution du problème géographique dont tant de savants s’étaient tour à tour préoccupés, l’Angleterre salua d’un cri de triomphe le retour de ses deux vaillants champions. Félicité par la reine, récom pensé par la Société royale de géographie, comptant le prince de Galles parmi les auditeurs qui se pressaient pour entendre ses récits, le capitaine Speke devint le point de mire de tous les regards, l’objet de toutes les curiosités. Son comté natal (qui fut aussi la patrie de sir Francis Drake), le revendiquait comme une de ses illustrations, par l’organe du doyen de