CONCLUSION. Le reste de mon voyage vers Alexandrie ne fut pas sans inci dents, et fit passer sous mes yeux des tableaux tout à fait dignes de la description que j’aurais pu leur consacrer en d’autres cir constances. Mais il me semble que j’ai mis la patience du lecteur à une épreuve très-suffisante, et je ne veux pas surcharger mon volume de ce qui ne se rattache pas directement au grand pro blème dont je poursuivais la solution. Je termine donc ce journal, après vingt-huit mois de travaux, par quelques explica tions ayant pour but de comparer les diverses branches du Nil avec ses affluents, et d’établir leur valeur respective. Le premier de ces affluents, le Bahr-el-Ghazal, nous étonna singulièrement; en effet, le grand lac marqué sur nos cartes à l’extrémité d’un coude formé par le Nil, était remplacé par une simple pièce d’eau, une espèce d’étang, perdu pour ainsi dire dans un océan de roseaux. Le vieux Nil semblait passer avec dédain devant cette insignifiante annexe, et nous porta bientôt en face de cette branche de la rivière Sobat qui, sous le nom de Gé- rafl'e, constitue le second affluent du grand fleuve; elle décrit en y tombant une courbe gracieuse; son courant est rapide et pa raît profond, mais sa largeur ne s’étend pas sur plus de cin quante pieds. Vient ensuite la Sobat elle-même, plus large et moins rapide que la Gérafïe. Le Nil est considérablement accru par cette dou ble addition, mais il ne prenait cependant pas le noble aspect qui nous avait tant frappés, immédiatement après la saison des pluies, pendant notre navigation sur les canots de l’Ounyoro. C’est ici que je pris mes dernières observations astrono miques; elles placent l’embouchure de la Sohat sous le 9° 20' 48"