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LE MALI. 547 son commerce à l’ouest du Nil ne l’avait détourné dans cette di rection. Baker m’offrit ses barques pour descendre à Khartoum, mais il me demandait en môme temps si je n’avais pas laissé derrière moi quelque entreprise à compléter, quelques résultats à obtenir qui pussent compenser pour lui les fatigues et la dépense consi dérable de l’expédition qu’il avait organisée. Je lui parlai naturellement de celouta (ou lac)Nzigé que j’avais eu le regret de ne pas pouvoir explorer. Je lui décrivis le Nil, tel que nous l’avions laissé dans le Chopi, se dirigeant vers l’ouest; tel que nous l’avions retrouvé dans le Madi, venant de la même direction,— navigable, assurait-on, jusqu’à Koshi — et probablement aussi jusqu’au petit louta Nzigé. Si donc il en était ainsi, on pouvait, au moyen de barques construites dans le Madi, plus haut que les cataractes, ouvrir de vastes contrées aux bien faisantes influences de la navigation. Je lui parlai, enfin, des conventions faites avec Kamrasi, des marchandises que j’avais laissées derrière moi, et du droit qu’aurait à les réclamer tout homme assez entreprenant pour tenir les promesses que j’avais faites au roi de l’Ounyoro. Tout en écartant l’idée de revendiquer ce qui m’appartenait, Baker parut disposé à exécuter ce plan de campagne; il se lia peu à peu avec Mahamed, qui promit de le conduire jusqu’à kaloro, et auquel j’offris trois carabines par manière de gratification 1 . Si la lune avait été placée de manière à déterminer immé diatement la longitude, j’aurais descendu le Nil sans plus tarder. Mais comme il n’en était pas ainsi, je demeurai à Gondokoro, chez Baker, et ceci me procura l’occasion de causer, à mainte et mainte reprise, avec le chef de la mission autrichienne (M. Morlang) et deux de ses collègues qui, avant de quitter Kich pour retourner à Khartoum, étaient venus jeter un dernier regard sur leur an cien établissement. Il est aisé de comprendre que le gouvernement autrichien se soit lassé d’entretenir ici des prédicateurs de l’Évangile. Sur I. U n’est pas sans intérêt de savoir que ces projets ont été réalisés. Ainsi que nous l’apprend une lettre du capitaine Speke, publiée par les journaux après la mort de ce dernier, M. Baker a pénétré par le nord jusques dans l’Ounyoro. Il y était, à la date des nouvelles les plus récentes, aux prises avec une situation très- difficile et très-périlleuse, dont le capitaine Speke se montrait fort préoccupé.