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544 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. couades arrivaient au son du tambour, et le tambour des villages répondait à leurs appels guerriers. Tout faisait donc présager une attaque dont les Égyptiens se montraient assez préoccu pés, car, indépendamment de leur grand’ garde, ils envoyèrent des patrouilles dans toutes les directions. L’ennemi ne demandait pas mieux que de nous surprendre; mais cette précaution mili taire déjoua ses projets, et le simple bruit des fusils qu’on armait de çà de là suffisait pour le tenir en échec. Quand ils n’eurent plus à compter sur le succès de leur tactique ordinaire, les sau vages se réunirent par centaines en face de notre camp, mirent le feu aux herbes et, —brandissant à pleines poignées les gazons enflammés, avec des hurlements dignes de l’enfer, —ils passaient, repassaient en longues files, et juraient dé nous anéantir le len demain. 15 février. Gondokoro.— Nous n’en avons pas moins dormi d’un sommeil paisible, et nous sommes entrés le matin à Gondo koro (lat. Nord 4° 54' 5", long. Est 31° 46' 9"), où Mahamed, après une salve, nous a conduits immédiatement chez un négociant circassien nommé Kourschid Agha. Nos premières questions eurent 'naturellement trait à Petherick ; on y répondit d’abord par un silence dont le sens nous échappait ; mais nous apprîmes en insistant que nous étions redevables à M. ûebono, et à per sonne autre, de l’assistance qui nous avait été donnée à partir du Madi. Remerciant en peu de mots l’ami de Mahamed, qui était aussi le représentant de notre bienfaiteur, nous prîmes congé de lui pour aller discuter Petherick. Au bord du fleuve, où plusieurs navires étaient amarrés, nous vîmes accourir de loin un per sonnage qu’au premier coup d’œil nous supposâmes être celui que nous cherchions; mais l’instant d’après, je fus désabusé par la cordiale poignée de mains de mon vieil ami Baker, qui doit une certaine célébrité à ses chasses dans l’île de Geylan. Je ne saurais rendre les émotions d’une pareille rencontre : les mots sont sur les lèvres, et cependant on ne peut parler. Ce fut seulement un peu plus tard que, profitant de sa bonne hospitalité, nous apprîmes de lui, tout à loisir, ce qui s’était passé pendant notre longue absence ; entre autres la terrible guerre d’Amérique et la mort du prince Albert, à qui sir Roderick Murchison m’avait présenté, peu de jours avant mon départ pour l’Afrique, et dont je me rappelais presque mot pour mot les flatteurs encouragements