Volltext Seite (XML)
538 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. d’une longue fuite, et que j’ai pu abattre au moment où il s’ar rêtait pour me charger. Les paysans, à qui j’ai donné la moitié de la chair, m’ont témoigné la reconnaissance la plus vive. « On ne les a pas gâtés jusqu’ici, disent-ils, et en fait de présents, ils ne connaissent guère que la bastonnade. » 23 janvier. —Deux rhinocéros noirs, que j’ai rencontrés, n’auraient eu qu’à passer tranquillement leur chemin pour échapper à mes coups; je ménage, en effet, mes munitions qui commencent à devenir rares. L’un d’eux, néanmoins, s’est telle ment obstiné à me faire la partie belle, que je n’ai pu résister à la tentation de le jeter bas. Mais j’en eus du regret en voyant les sauvages qui m’accompagnaient, refuser, malgré mes instances, de toucher à la chair de cet animal, regardé par eux comme une substance impure. Quelques buffles se sont ensuite trouvés à ma portée, mais une petite antilope, brusquement partie devant moi, leur a donné un peu trop tôt le signal de la fuite. Le reste de la journée n’a pas été plus heureux, et je suis revenu bre douille. Du 24 au 30 janvier. — Rien de notable jusqu’à cette dernière date, où Boukhet, le factotum de Mahamed, nous est arrivé avec la plus grande partie du convoi turc. Son maître, paraît-il, l’avait acheminé vers nous depuis déjà quelques jours; mais en arrivant à Panyoro, une rixe avec les habitants eut pour consé quence la perte de presque tous les bagages. Mahamed, auquel il alla rendre compte de ce fâcheux résultat, le somma, dans les termes les plus péremptoires, de retourner à la charge et de réparer un échec inacceptable : « Sans cela, disait-il, comment voulez-vous que je fasse mon rapport à Gondokoro? » Convaincu par la force de cet argument, Boukhet retourna sur le théâtre de sa défaite et attaqua vigoureusement Panyoro. Trois de ses hommes furent blessés tout d’abord, mais il parvint à incendier le village, tua une quinzaine des habitants, et en sus des objets qu’ils lui avaient enlevés, leur prit environ cent têtes de bétail. 31 janvier. —Mahamed, arrivé d’aujourd’hui, se prépare à marcher en avant. L’entreprise ne laisse pas que d’offrir cer taines difficultés, car les Turcs, à eux seuls, ont besoin de six cents porteurs, dont la moitié pour leur ivoire et le reste pour leurs effets de campement; or, il n’est pas de village qui puisse