Volltext Seite (XML)
536 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. 16 et 17 janvier. Journées de halle. — Un parti hostile est venu rôder la nuit autour du village, mais sans oser y pénétrer à cause de notre présence. Les habitants, sortis en armes dès le lendemain matin, tuèrent deux hommes à l’ennemi, qui battit en retraite, mais non sans menacer de revenir à la charge aus sitôt que « les fusils seraient partis. » Je ne demandais qu’à m’en aller pour peu que Yapina (ou chef du village) eût voulu me fournir les guides indispensables ; mais il craignait qu’il ne m’ar rivât malheur, et que Mahamed ne le punît de mon imprudence. Il était inutile d’insister, car je n'avais plus de vaches à tuer pour nourrir mes hommes, ni de verroteries pour acquitter les droits de passage. J’acceptai donc la situation, et la chasse ser vit à me faire oublier mes ennuis. 18 et 19 janvier. — Les antilopes étaient nombreuses, mais ne se laissaient guère approcher. En revenant au logis, le premier soir, les indigènes qui m’accompagnaient dans l’espoir de quel que régal, me signalèrent trois buffles sur un pâturage assez lointain. Je remontai pour tourner ces animaux et prendre le vent sur eux au delà du point où je m’attendais à les rejoindre. Là, je fis coucher mes compagnons à plat ventre et me glissai dans l’herbe, jusqu’au moment où je vis en face de. moi, et à très-courte distance, briller au soleil trois paires de cornes. Alors je me soulevai lentement pour ne pas effaroucher le gi bier; mais, à ma grande surprise, de si haut que mes yeux allassent vers lui, les cornes seules restaient visibles. L’idée ne me vint pas que ces animaux eussent pu demeurer accroupis en plein jour, dans un site aussi peu abrité. De sorte que, ne pou vant me rapprocher davantage sans les mettre en fuite, je visai, au juger, la poitrine du plus voisin, et ce fut alors seulement que je découvris mon erreur. Tous trois se dressèrent sur pieds et détalèrent à qui mieux mieux. Tandis que je rechargeais ma carabine (à un coup) les fugitifs étaient allés rejoindre leurs trois camarades, ceux-là même que j’avais vus occupés à paître, et tous les six, formés en ligne, dévalèrent à la fois sur moi. Certain de recevoir une rude secousse, j’avais fort à craindre de rester écrasé sous le piétinement de ces massifs animaux, lorsque tout à coup, en m’apercevant debout devant eux, soit crainte, soit tout autre instinct difficile à définir* ils renoncèrent à leur projet meurtrier, s’écartèrent par un léger détour, et