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LE MA DI. 535 14 janvier. Jaifi. — C’est le nom d’un groupe de huttes situées dans le voisinage d’un profond nullah, par lequel se dégorgent les eaux des districts qui occupent le milieu du Madi oriental. Nos Turcs y tuèrent un crocodile, qu’ils se mirent à dévorer sur place, non sans provoquer parmi mes gens des risées passable ment dédaigneuses. 14 janvier. Apuddo. —Je n’ai pas manqué, aussitôt après notre installation, de me faire montrer l’arbre sur lequel Mahamed avait attiré mon attention. Deux signes, qui rappelaient assez vaguement la forme d’un M et d’un J, se voyaient effectivement sur son écorce, mais le travail de la végétation les avait ren dus à peu près méconnaissables. En me dépeignant l’individu qui les avait tracés, les Turcs me dirent « qu’il me ressemblait beaucoup et portait une barbe aussi longue que la mienne. » Il était venu de Gondokoro, il y a deux ans, avec Mahamed, mais n’avait pas osé passer au delà d’Apuddo, tant on lui disait de mal des populations méridionales et tant il lui paraissait pénible de rester renfermé à Faloro, pendant toute la saison des pluies, tète- à-tête avec l’officier égyptien. Il savait, du reste, que nous devions arriver dans ces parages, et avait recommandé à Mahamed de nous montrer son nom, dans le cas où cette prévision viendrait à se réaliser'. Comme d’ordinaire, nous étions logés dans le village, mais les Turcs restés à l’extérieur enlevaient la toiture des habita tions pour la transporter dans leur camp. A mes remontrances touchant ce procédé sommaire, ils me répondaient avec dou ceur, « que n’ayant ni huttes ni ustensiles culinaires, ni approvi sionnements d’aucun genre, il fallait bien emprunter ceux des indigènes. Mieux avisés et plus prévoyants, ces derniers se met traient en mesure d’avoir à vendre tout ce qu’on était obligé de leur confisquer, puisque après tout, le gouvernement ne pouvait être frustré de l’ivoire sur lequel il comptait. » La misère est grande dans ces contrées '; et tandis que les Turcs vivent aux dé pens des silos à demi vides, les pauvres paysans en sont réduits à se nourrir de racines et de fruits. Comme pour empirer une situation déjà si triste, les chefs de village se font l’un à l’autre une guerre acharnée. 1. U a été vérifié depuis que ce hardi voyageur s’appelait Miani. (Note du capi taine Speke, insérée dans la seconde édition de son livre.)