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38 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. pêcheurs, et nous fiant à notre bonne chance. Elle ne nous manqua point au milieu des rescifs écumeux que nous avions à traverser et nous arrivâmes dans la nuit à Zanzibar, — où, par parenthèse, le vaisseau du sultan nous avait précédés. Le sheik Saïd, pendant mon absence, nous avait procuré dix hommes, sur lesquels on lui en avait vendu quatre au prix de cent dollars que j’eus à payer. Bombay et les trois matelots en avaient enrôlé vingt-six autres, tous affranchis, et sur la recommandation du colonel Rigby, le sultan Majid lui en fournit encore trente-quatre, qui étaient de simples terrassiers employés pour la culture de ses jardins. J'aurais voulu emmener une centaine d’hommes de cette espèce, engagés pour toute la durée du voyage; mais comme Zanzibar ne pouvait m’en fournir un si grand nombre, j’espérais complé ter la bande dans l’Ounyamouézi (Terre de la Lune), où l’établis sement de chaque trafiquant arabe comporte un personnel très- nombreux. La solde anticipée de mes hommes fut officiellement enregistrée au consulat anglais, pour prévenir de part ou d’au tre toutes difficultés ultérieures. A voir les témoignages de re connaissance qui me furent alors prodigués, l’ardeur avec la quelle ces hommes s’engageaient à me suivre au milieu de tous les dangers, leurs physionomies expressives, leurs regards bril lant de la soif du gain, il semblait que je fusse à la tête de la plus inébranlable cohorte; mais pour se faire une pareille illu sion, il aurait fallu n’avoir jamais rien eu à.débattre avec cette misérable engeance. Je remis au sheik Saïd un rifle à double canon, sorti des ateliers de Biissett, et distribuai les cinquante carabines d’artillerie entre les plus âgés de mes nouveaux com pagnons, sous la condition expresse que ces armes passeraient en d’autres mains plus dignes de les porter, s’ils venaient à se mal conduire, tandis qu’elles seraient définitivement dévolues à ceux qui, jusqu’au terme de l’expédition, se seraient compor tés d’une manière satisfaisante. Le sultan, lorsqu’il me vit prêt à partir, m’offrit pour traver ser l’Ouzaramo une escorte de vingt-cinq Béloutchis sous les ordres d’un djémadar (lieutenant). Je l’acceptai, plutôt à titre de passe officielle destinée à me protéger contre les mauvais tours des natifs, que pour ajouter à la force matérielle de notre expé dition. Son Altesse nous avait également permis de monter sa