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LE MADI. 533 nous sommes arrêtés, après une marche de dix milles. Les habi tants, qui nous prenaient pour des Turcs, se sont d’abord hâtés de s’éloigner avec leur bétail; mais plus tard, revenus de leur erreur, ils nous ont accueillis avec une hospitalité franche et cordiale. 12 janvier. — Journée de chasse, où j’ai manqué tour à tour un rhinocéros et plusieurs antilopes. Mes gens n’en revenaient pas, et les villageois qui m’avaient suivi dans l’espoir de quelque bonne aubaine, m’offraient leur recette ordinaire pour en finir avec la mauvaise chance dont je semblais être la victime; elle consistait à me percer l’index avec la pointe d’une lance et à cracher ensuite sur la blessure. Avant de recourir à un moyen si extrême, j'ai vérifié nos deux points de mire, qui se trouvent avoir été légèrement faussés. Un rire général a suivi cette découverte. A notre retour au village, le déménagement venait de recom mencer, et je me l’expliquai en voyant arriver, du côté de Faloro, un détachement de nos Égyptiens : « — Qu’avez-vous fait? nous disaient nos hôtes en se pressant autour de moi, et pourquoi nous livrer à ces gens rapaces qui nous accablent de coups, nous for cent à porter leurs fardeaux, et nous pillent sans miséricorde ? » Je leur promis alors, s’ils voulaient se tenir tranquilles, une protection efficace, et je notifiai ma promesse aux Turcs dès que ceux-ci furent arrivés. Mahamed les envoyait en avant-garde, et ils avaient ordre de m’escorter jusqu’au village d’Apuddo, où nous attendrions leur chef, qui travaillait de tout son pouvoir aux enrôlements indispensables. Il me faisait prévenir que je trouverais, dans le voisinage d’Apuddo, un arbre où deux ans auparavant un de mes compatriotes avait gravé une inscription. 13 janvier. Paira. — La marche suivante nous conduisit à Paira, groupe de villages situé en vue du Nil. N’était-il pas ridi cule à nous d’être restés si longtemps à Paloro sans obtenir le moindre renseignement sur le point qui nous intéressait le plus, et sans nous douter un moment que le Nil coulait à deux jour nées de nous?... 11 s’offrait maintenant à nos yeux, déroulant ses eaux majestueuses sur un lit à peine creusé, dans la direction de l’ouest à l'est; immédiatement au-delà du fleuve, les jbl (ou montagnes ) Koukou se dressaient à deux mille pieds au-dessus de ses eaux. Le lendemain seulement, et lorsque, marchant parallèr