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528 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. rêter, Mahamed me laissait en son lieu et place, tandis qu’il irait avec Rionga porter la guerre dans les domaines de Kam- rasi. Je tâchai donc de l’effrayer sur les conséquences de son expédition.— « Si vous traversez le Nil, on vous coupera la retraite et tous vos fusils seront perdus. » 11 vit bien où ten daient mes pensées, et m’assura qu’il allait dans une direction toute différente avec les gens de Rionga. Je refusai cependant de lui prêter un fusil, tout en lui donnant la couverture dont il pré tendait avoir aussi besoin. Du 15 au 30 décembre. — J'ai vu partir Mahamed à la tête de son régiment, enseignes déployées, au bruit des tambours et des fifres. Les soldats faisaient feu de tous côtés; les officiers étaient montés, quelques-uns sur des ânes, et les autres, — le croira- t-on? — sur des vaches!... Derrière eux marchait une foule d’indigènes, y compris les gens de Rionga, les uns munis de lances, les autres d’arcs et de flèches, et le tout ressemblait à une expédition de maraudeurs, bien plus qu’à une paisible cara vane. J’ai appris depuis qu’ils ne s’étaient point rendus chez Rionga lui-même, et qu’ils avaient seulement conduit les gens de ce chef auprès du vieux Chonji. Chonji, de son côté, avait invité Mahamed à venir combattre un de ses ennemis, sur le ter ritoire duquel on espère trouver une immense accumulation de dents d’éléphant, et qui, vivant de pillage, possède en outre un bétail considérable. Tel était, en réalité, le but de l’expédition. Du 21 au 31 décembre. — Depuis mon arrivée ici, je m’étais étonné souvent que les indigènes consentissent à subir les bru talités auxquelles ils sont exposés de la part des tyrans que l’Égypte leur envoie. Je constate donc, sans la moindre surprise, qu’ils ont fréquemment recours, pour s’y soustraire, à de loin taines émigrations. Us enlèvent leurs huttes, emportent leurs effets mobiliers, et, poussant devant eux leur bétail, transfèrent leur village sur un autre point du territoire. La principale femme de Mahamed m’annonçait, le jour de Noël, que les Turcs ayant mis à sac et brûlé trois villages, rentreraient d’ici à peu avec leur butin. Elle devinait juste, car Mahamed est revenu le 31 à la tête de son armée triomphante, avec des masses d’ivoire ; il ramène aussi cinq jeunes prisonnières et trente têtes de bétail. Du 1" au 3 janvier 1863. —Je désirais vivement me remettre