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LE MADI. 527 mon départ du Chopi, ne veuille ou ne puisse me dire ce qu’est devenu ce fleuve, je ne saurais croire que nous en soyons très- éloignés. 8 décembre. — Mahamed semble ravi de ce projet. Il réunit les chefs de villages pour tirer d’eux toutes les informations que je réclame. Mais j’ai beau insister sur le voisinage probable du Nil, tous prétendent qu’il se trouve à quinze marches d’ici, et que le voyage, aller et retour, me prendrait un bon mois. De plus, il me faudrait emmener trente-six des soldats de Mahamed, dont celui-ci consent bien à me louer les services, mais à de telles conditions que mon enthousiasme s’en trouve considérablement refroidi. J’étais, au fond, persuadé qu’on me trompait, et que le Nil n’était pas si loin ; mais, craignant de manquer l’occasion de quelque prochain départ, je me décidai à prendre patience et à profiter de mes loisirs, soit pour écrire l’histoire des Vouahouma, soit pour compléter mes collections. Une fois à Gondokoro, je me promettais de trouver quelqu’un en état de suppléer aux lacunes de mon expédition, ou de remonter moi-môme le Nil sur les embarcations dont je pourrais alors disposer. Du 9 au 14 décembre. — Rien n’est arrivé de notable jusqu’à cette dernière date, où quatre-vingts des sujets de Rionga sont venus offrir à Mahamed, de la part de leur maître, deux esclaves et trente défenses d’ivoire. Présumant qu’il s’agissait de déter miner mon hôte à marcher contre Kamrasi, de concert avec le frère qui cherche à lui ravir la couronne, je jugeai néanmoins que ces questions politiques devaient me rester étrangères, et ne m’occupai qu’à tirer de ces hommes quelques renseignements sur la topographie des contrées qu’ils venaient de quitter. Pas un, cependant, ne voulait entrer en relations avec moi, du mo ment où j’étais l’ami de Kamrasi, et les soldats de Mahamed trouvaient mauvais que mes gens cherchassent à se mêler aux nouveaux venus : « Que vous importe, disaient-ils, si nous échangeons nos étoffes et nos verroteries contre l’ivoire apporté par ces gens-ci?... Ne vous mêlez pas de nos affaires!... » Maha med, toujours mystérieux, vint m’emprunter ensuite une couver ture et un fusil » dont il avait besoin, disait-il, pour aller visiter un de ses entrepôts d’ivoire. » Ceci fit naître chez moi de vérita bles appréhensions, et je m’imaginai qu’en me forçant à m’ar-