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LE MADI. 525 du pays de Madi. Là, si je veux attendre qu’ils aient réuni leurs approvisionnements d’ivoire, ils viendront se joindre à moi, et nous serons assez forts, une fois réunis, pour passer sur le ventre à quiconque voudrait nous faire obstacle. Je commençai par accepter cette offre, mon vœu le plus cher étant de quitter ce pays, où mes gens prenaient des habitudes d’ivrognerie, et où ceux de Kidgwiga désertaient l’un après l’autre. Une fois en route, je ne désespérais nullement de gagner Gondokoro à moi tout seul. En attendant, et pour me concilier Mahamed, je lui offris de présider une revue militaire qu’il passe tous les vendredis. Ses soldats, avertis, ont pris la tenue de cérémonie et manœuvré un peu moins mal que je ne m’y serais attendu. Les commande ments donnés en langue turque leur étaient tout à fait familiers, et les choses se seraient assez régulièrement passées, si les simples soldats n’eussent commandé la manœuvre en même temps que leurs capitaines. La revue terminée, je complimentai Mahamed, et quand je le crus favorablement disposé, je remis sur le tapis les prélimi naires du départ qui devait avoir lieu le lendemain ; mais, sans oser me regarder au visage et revenant effrontément sur ses promesses, il me déclara » qu’il ne pourrait me laisser partir sans lui, attendu le blâme qu’il encourrait s’il m’arrivait quelque mésaventure. » Il s’étonnait, au reste, de ma précipitation : — « Après être resté si longtemps chez Kamrasi, je pouvais bien, disait-il, lui accorder quelques jours. » Son obstination renversait tous mes plans et me jeta dans une véritable colère. La désertion, je l’ai dit, s’était mise parmi les gens de Kidgwiga et, pour peu qu’elle se propageât encore, je ne voyais plus comment je pourrais, une fois à Gondokoro, acheminer vers le palais de Kamrasi un autre visiteur blanc, s’il s’en trouvait un qui voulût compléter notre besogne et vérifier, — ce que nous n’avions pu faire, — les communications entre le Nil et le LoutaNzigé. J’insistais ; Mahamed se débattit de plus belle. <• Ses gens ne pouvaient partir qu’après la moisson (car ils culti vent du blé pour leur nourriture). Quant à lui, avec une hutte pleine d’ivoire, il ne saurait se procurer les porteurs nécessaires qu’après la récolte faite, lorsque les gens du pays seraient dispo nibles. » Bref, voyant que je m’entêtais à demander l’interprète