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522 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. au moment du départ pour Gondokoro, les jeunes villageoises qu’ils ont adjointes à leurs esclaves, s’en retourneront chez leurs parents. Ils possèdent aussi un nombreux bétail, enlevé, dit-on, aux indigènes et qu’ils font servir à divers usages. Ce qu’ils ont de trop, en fait de nourriture, s’emploie à payer les dents d’élé phant, dont ils grossissent chaque jour leur collection déjà con sidérable. Le pays, bien arrosé, bien cultivé, rappelle les plus fertiles districts de l’Ounyamouézi. Vers midi, notre arrière-garde se présente sous les ordres de Bombay. Piéjoko vint en personne nous reprocher d’avoir mé connu ses intentions hospitalières et solliciter de nous une visite amicale. Je le renvoyai satisfait d’un léger présent. Les « en fants » du vieux Chongi s’éloignent aussi de très-bonne humeur, après avoir reçu quelques poignées de verroterie et quelques vêtements de rebut. Je n’ai donc plus avec moi que mes gens et ceux de Kidgwiga. A défaut d’une lettre de Petherick, je n’en ordonnai pas moins, pour le lendemain, le départ de l’expédition ainsi réduite. Mais aussitôt, les objections se présentèrent en foule : Mahamed pré tendait que je ne trouverais pas de navires à Gondokoro. Il me conseillait une halte de deux mois, en attendant que la station fût regarnie; enfin, il se refusait à partir avec moi, sous prétexte d’une famine qui existait, selon lui, à Gondokoro. J’insistais néanmoins, sur la foi des promesses de Petherick, tout disposé à me contenter d’un interprète, si les Turcs s’entêtaient à ne point partir avec moi. Mon interlocuteur m’opposait alors la férocité des gens du Bari, sur le territoire desquels je ne devais pas me hasarder avec une si faible escorte, et de plus, l’exis tence d’un large cours d’eau, infranchissable d’ici à quelques semaines. Ces vains prétextes, ces allégations mensongères finirent par lasser ma patience, et le débat s’anima de plus en plus, sans aboutir à aucune conclusion pratique. 11 reste convenu qu’on réunira demain une espèce de conseil de guerre, devant lequel les points qui nous divisent seront mis en délibération. 5 décembre. — Parmi les gens de Mahamed, pas un ne regarde comme possible de partir en ce moment pour Gondokoro. Ils me proposent, en revanche, de me faire conduire sous escorte à dix journées de marche d’ici, dans un dépôt formé sur la frontière