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520 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. une salve de mousqueterie pour avertir les Turcs que nous étions là. Aux détonations de leurs carabines riposta presque aussitôt un feu roulant, et, comme autant d'abeilles, les gens du Nord essaimèrent hors de leurs ruches, sur toutes les hau teurs voisines. Il faut avoir subi un long exil chez les barbares pour comprendre le battement de cœur par lequel un voyageur salue l’approche du moment où il va se retrouver parmi ses frères en civilisation. A chaque instant nous nous sentions plus émus. Un cortège militaire venait de se former et sortit du camp, précédé par trois grands drapeaux rouges, au bruit des tambours et des fifres. Je fis faire halte pour attendre ceux qui venaient ainsi au-devant de nous. Quand ils nous eurent rejoints, un offi cier, nommé Mahamed, portant l’uniforme égyptien, vint se jeter dans mes bras et semblait vouloir à toute force me donner le baiser de bienvenue. Je lui rendis vigoureusement son étreinte, tout en reculant la tête pour soustraire mes lèvres à cette accolade par trop fraternelle : « Sous les ordres de qui êtes-vous? lui demandai-je. — Petrick, répondit-il. — Et lui-même, Petherick, où se trouve-t-il pour le mo ment? — Vous le verrez sous peu. — Comment se fait-il, alors, que vous n’arboriez pas les cou leurs anglaises? — Nos couleurs sont celles de Debono. — Quel est ce personnage ? — Le même que Petrik.... Mais venez vous installer dans le camp : nous y causerons plus à notre aise.... » Et ce disant, Mahamed fit faire volte-face à « son régiment, » deux cents hommes environ, ramassis de Nubiens, d’Égyptiens et d’esclaves de toute race, qui ne cessaient de tambouriner, de présenter les armes et de faire feu sans rime ni raison. Quand nous fûmes arrivés à ces huttes, pareilles de tout point aux habitations indigènes, Mahamed nous fit asseoir sur deux lits, et ses femmes vinrent nous offrir à genoux des tasses de café, tan dis que d’autres serviteurs, apportant le pombé, nous prépa raient un dîner dont le pain, le mouton et le miel constituaient les principaux éléments. On vida pour nous un vaste hangar, et lorsque j’y fus installé