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516 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. cend vers nous au galop, la lance haute comme pour nous charger, et après quelques évolutions de pure étiquette, se mêle joyeusement à nous. Jamais je ne vis gens si peu vêtus, car leur costume ne se compose guère que de verroteries, d’an neaux de fer ou de bronze, et de quelques plumes ou de quel ques chapelets de cauries dont ils se font une coiffure plus ou moins fantastique. Les femmes elles-mêmes se contentent de certaines fibres végétales, formant une frange assez lâche, et qui pendent négligemment autour de leurs hanches. Ceux de nos gens quiont vules Vouatouta de l’Outambara, prétendent qu’il y a identité complète dans le costume des deux races; ce n’est peut-être pas là une remarque sans importance, car elle se réfère à une observation déjà faite à propos des Cafres Zoulous que nous avons vus dans la baie Delagoa. Les hommes dressent leur chevelure avec la même bizarrerie, et l’enfant, sur le dos de sa mère, est également protégé par une moitié de gourde. Comme les gens du Kidi, qu’ils paraissent redouter beaucoup, ceux-ci ne se séparent guère d’une espèce de siège très-léger et très-bas qu’ils portent partout avec eux. Leur habitat s’étend d’ici à la rivière Asoua; le Madi, au contraire, occupe toute la contrée, de l’ouest de ce méridien jusqu’au Nil dont nous sommes séparés par de vastes espaces. Les villages sont composés de petites huttes coniques, véritables cages de bambous, posées sur un mur d’argile et revêtues de terreau gazonné. Chacune de ces petites communautés élit son propre chef, et le pays ne compte pas de sultans dont l’autorité soit reconnue dans un rayon de quelque importance. Les montagnes boisées du Gani, comme celles de l’Ounyamouézi, présentent l’aspect le plus riant; et le contraste du pays avec les sauvages qui le peuplent éveille l’idée de je ne sais quel paradis infernal. Nous voyons d’ici les hauteurs derrière lesquelles, s’il faut s’en rapporter à Bombay, Petherick stationne avec ses navires ; nous voyons aussi, beaucoup plus rapprochée de nous, une montagne où nous attendent ses chasseurs d’éléphants, envoyés en avant-garde. L’accueil de Chongi a été caractéristique. Ce bon vieillard est venu au-devant de nous avec une espèce d’aide de camp, le premier portant une poule blanche, l’autre une petite gourde remplie de pombé. Après une harangue de félicitations, prenant