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514 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. jours le désert. On ne voit ici d’autres vestiges humains qu’un étroit sentier, souvent effacé par la végétation des jungles, et çà et là deux ou trois huttes abandonnées, où viennent gîter pen dant la saison les chasseurs des pays voisins. 26 novembre. Quatrième campement. — Après nous être, du rant cinq milles, dépêtrés comme nous pouvions de ces ter ribles fouillis d’herbes et avoir traversé marais sur marais, nous fûmes enfin payés de nos peines par un spectacle frappant. Les jungles s’étaient éclaircies ; nous nous trouvâmes à l’improviste sur la limite d’un plateau à l’ouest duquel s’étendait, presque sans limites , une immense prairie dorée par le soleil et coupée çà et là de quelques bouquets d’arbres ; à quinze ou vingt milles derrière nous, dans la direction du sud-ouest, se dressait la montagne de Kisouga, qu’on dit située dans le Chopi, non loin des districts où les frères de Kamrasi ont établi le siège de leur rébellion Du reste, ce ne fut là qu’une apparition passagère ; il fallut se replonger aussitôt dans les hautes herbes et s’y frayer péniblement un chemin. Des éléphants, des buffles se mon traient de temps en temps; et le guide, pour détourner le3 mau vaises chances du voyage, jeta des deux côtés du sentier les fragments d’un rameau d’arbre, dont il avait fait au préalable une espèce de baguette magique par le moyen de quelques patenôtres inintelligibles. 27 novembre. Cinquième campement. —Du haut d’une butte à fourmis, le guide nous a montré le splendide panorama qui nous environne : derrière nous la montagne de Kisouga et le village de Vouiré; à l’ouest un océan de gazons; à l’est et au sud les jungles du Kidi ; au nord, par de là quelques dunes her bues, la cime de certains coteaux situés auprès de Koki, notre plus prochaine station. Les solitudes vont cesser, et tandis que nos hommes se baignent dans un cours d’eau par où s’écoule, du côté de l’ouest, le trop-plein de ces immenses marécages, un feu d’herbes que nous prenons soin d’allumer, en guise de signal télégraphique, annonce notre arrivée aux habitants de Koki et les avertit de préparer leur pombé. 28 novembre. Sixième campement. — Un buffle que j’abattis hier et que je laissai achever par les sauvages de l’escorte, nous a fait perdre quelques heures, car il n’a jamais été possible, même au prix d’une vache que je leur offrais, de les déterminer