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36 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. après notre dernier départ de Kazeh, avait succédé à Foundi- Kira, le vieux sultan de l’Ounyanyembé, faisait campagne contre les Arabes. Ceux-ci pourtant, par leurs lettres les plus récentes, annonçaient comme prochaine la fin des hostilités. Et — pour ter miner par ce qui m’intéressait le plus, — le colonel Rigby, treize jours auparavant, avait acheminé sous la garde de deux « fils de Ramji 1 , » cinquante-six charges d’étoffes et de verroterie consignées à Mousa, ce négociant de Kazeh qui avait si large ment pratiqué vis-à-vis de nous, lors de notre passage, les de voirs de l’hospitalité. Le sultan, qui avait droit à notre première visite, nous reçut avec son affabilité ordinaire. Nos projets lui suggérèrent quel ques observations passablement rebattues; il s’étonnait de ce que, pour voir la Grande-Rivière sortir du lac, je ne prenais pas la route la plus directe, à travers le pays des Masai et l’Ousaga' 2 . Du reste, apprenant que je voulais visiter le Karagoué, afin d’éta blir certains autres points très-essentiels, il m’offrit spontané ment toute l’assistance dont il pourrait disposer. Après le débarquement des Hottentots, des mules et du bagage, les préparatifs du départ commencèrent pour tout de bon. Ils consistaient à éprouver les sextants, régler les montres, exami ner les compas, passer les thermomètres à l’eau bouillante, fabriquer les tentes et les bâts, s’approvisionner de perles, de drap et de fil d’archal, enrôler enfin les domestiques et les porte faix. Notre ancien capitaine de caravane (kafila-bashi), le sheik Saïd-ben-Salem, fut de nouveau promu à ces hautes fonctions. Il les avait réclamées lui-même, * ayant à cœur, disait-il, de ré futer ainsi certaines imputations calomnieuses 3 . » Bombay et son frère Mabrouki, les premiers à saluer mon arrivée, étaient 1. Voir, au sujet des fils de Ramji, le Voyage du capitaine Burton : « Le ba nian Ramji, dit-il, commis de la douane à Zanzibar, possédait quelques esclaves qu’il appelait ses fils et dont il ne savait que faire. Il m’accorda la grâce de m’en louer une dizaine moyennant 30 dollars pour six mois et par tête. » 2. Le Masai, d’après les informations arabes, s’étend depuis la chaîne des Mo- robého jusqu’à la limite orientale des lacs N’yanza et Baringo ; sur la rive occiden tale de ce dernier lac, et au nord du N’yanza, on trouve, après avoir traversé les territoires Amara et Oukori, le district appelé Ousaga; c’est à la limite de ce dis trict et de l’Ouganda que le Nil blanc sort du lac par le déversoir auquel M. Speke a donné le nom de Napoléon Channel. — N. du T. 3. Le bruit se répandit alors qu’il avait reçu ordre de ne pas m’accompagner dans ma première excursion au lac N’yanza.