SIX SEMAINES CHEZ KAMRASI. 503 point autorisée par les lois de notre pays. » Il lorgnait les anneaux de Grant, et les lui demanda nettement, mais sans le moindre succès. Nous lui reprochâmes, en revanche, l’indiscrétion de ses procédés, l’avertissant que, « s’il ne réprimait l’intempérance de ses désirs, personne à l’avenir ne se croirait en sûreté près de lui. » C’est Kidgwiga qui part avec nous et rapportera les divers ob jets promis à son maître. Nous nous mettons en route le 9, c’est-à-dire après-demain, et cette annonce nous rend aussi joyeux que l’oiseau dont on a ouvert la cage. 8 novembre. — Le roi semble ne se préoccuper en aucune fa çon de ce qui nous est indispensable pour voyager. Il a fallu lui demander aujourd’hui des vaches, du beurre et du café. Les vaches seules nous ont été envoyées : « pour le reste, il eût fallu s’y prendre d’avance. » Vingt-quatre hommes nous escortent jus qu’au Gani, d’où ils rapporteront nos présents stipulés d’avance et dont voici la liste : « six carabines et un approvisionnement de munitions, un grand pot de métal, en bronze ou en fer, une brosse à cheveux, des allumettes, un couteau de table, et tout ce qu’on pourra se procurer d’objets inconnus aux naturels de l’Ounyoro. » On nous amène, pour les conduire en Angleterre, deux né grillons achetés à des marchands d’esclaves, et tellement disgra ciés de la nature, que l’amour maternel pourrait seul les trouver acceptables. Nous nous refusons à les emmener, sous prétexte que nos enfants anglais n’en voudraient jamais pour camarades. « C’est à des rejetons de race royale, et non pas à d’autres, que nous pouvions offrir les bienfaits de l’éducation européenne. » Kamrasi paraît fort désappointé de notre refus. — C’étaient là, nous dit-il, des enfants d’adoption, et les seuls dont il puisse disposer. Les autres sont de véritables boules de graisse, et trop jeunes pour quitter la maison paternelle. »