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496 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. donnant de nouveau carrière à ses sentiments cupides, il pré tend que nous devons avoir encore d’autres espèces de verro terie ; et, quant au congé, il s’est borné à répondre « qu’il y son gerait et nous enverrait sa décision par le kamraviona. » Le commandant en chef est effectivement venu nous prier d’at tendre que les gens chez lesquels nous devons passer aient été prévenus, sans quoi, nous risquerions d’être molestés. Kamrasi m’envoie d’ailleurs un pot de pombé, me restitue mes albums, et me prie de lui envoyer un portrait du roi de l’Ouganda. 3 novembre. — Je lui expédie le dessin demandé, en y joignant quelques reproches sur son manque de parole, et en lui faisant annoncer que je veux partir sans délai. « Le Bana est toujours trop pressé, » me fait-il répondre; et, pour me distraire, il m’envoie un nain grotesque, nommé Kimenya, qui fait les délices de la cour. C’est un malheureux vieillard, d’un mètre de haut, qui s’est présenté gravement devant nous, tenant un bâton plus haut que lui. Après un salaam respectueux, il s’est levé tout à coup, sans y être invité le moins du monde, pour danser, chanter, faire toutes sortes de grimaces et de gestes bizarres, le tout couronné par cette déclaration : « Tel que vous me voyez, je suis fort pauvre, et je manque de simbi (coquilles- cauries). J’en voudrais cinq cents; mais si cela vous gêne, je me contenterai de quatre cents. » Puis il nous raconta sa vie, et comment il a perdu, coup sur coup, deux femmes que Kamrasi lui avait données. Une troi sième a été refusée par lui, attendu qu’elle était trop petite et trop laide : « Je ne voyais pas, ajoute-t-il, la nécessité de perpé tuer une race de pygmées. » Bombay le renvoie avec cinquante cauries en chapelet pendus à son cou. Le kamraviona est ensuite venu nous offrir, de la part de son maître, une charge de farine, un pot de pombé, plus deux lances pareilles à celles que j’ai reçues du roi de l’Ouganda. On me promet, de plus, un bouclier et deux lances qui sont destinés à Grant. Nous sommes invités à prendre patience jusqu’à ce qu’on ait obtenu l’assurance que les gens du Kidi ne nous chercheront pas querelle, ainsi qu’ils en ont manifesté le projet. S’ils persistent, on nous donnera une puissante escorte et on nous dirigera du côté de l’Ougungou. Encore une tentative pour nous engager malgré nous dans une campagne contre les frères du monarque.