490 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. moi, nous sommes, à ce qu’il dit, trois souverains indépendants. Chacun de nous peut faire ce qu’il veut de ses sujets. Quant à Bombay, nous aurons prochainement de ses nouvelles, par des gens duGani qui sont sur le point d’arriver. Je m’efforce encore de convaincre Kamrasi que son intérêt bien entendu serait d’ouvrir l’accès de son royaume aux sujets de Mtésa, mais je n’ai aucun motif de croire que ce conseil soit écouté avec faveur. 23 et 24 octobre. — Le roi se propose de nous recevoir très-in cessamment dans le palais qu’il vient de faire élever au bord de la Kafou. En attendant, les nouvelles ne font pas défaut. On a ren contré Bombay qui s’en revenait du Gani. Les Vouaganda ont pris peur et se sont enfuis, sur le bruit que les visiteurs récem ment arrivés chez Kamrasi formaient le noyau d’une armée d’invasion destinée à soumettre leur pays. Mtésa prépare les cé rémonies de son couronnement, et c’est pour cela qu’il a ren voyé mes déserteurs en leur assignant pour résidence le village de Kari, avec un jardin et des vaches, attendu que les étrangers ne sont pas admis à la cour pendant les fêtes de l’intronisation. Des trente et quelques frères qu’il a et qui doivent être brûlés, deux ou trois seulement auront la vie sauve. L’un d’eux viendra vivre dans l’Ounyoro. Les autres resteront auprès de Mtésa, jus qu’à ce qu’il meure, à titre de « compagnons de plaisir. » Ils auront alors leur congé définitif et une pension de retraite. On croit généralement que Mtésa, une fois couronné, ira porter la guerre, d’abord dans le Kittara (ouest de l’Ouganda), puis chez les Vouasoga, dans une direction tout opposée. Nous pensons, Grant et moi, que s’il a des projets belliqueux, c’est surtout à l’adresse de Kamrasi. 25 et 26 octobre.—Les envoyés de Roumanika et les gens du docteurK’yengo demandent la permission de se retirer. Le roi la leur refuse, alléguant l’insécurité des routes, et les ordres don nés par Mtésa pour intercepter toute communication entre l’Ou- nyoro et l’Ouganda. Les gens de K’yengo se résignent; ceux de Roumanika veulent partir à tout prix, caron les laisse mourir de faim. Kamrasi finit par céder, à condition que deux de leurs chefs resteront chez lui comme otages. Ils représentent la ga rantie dont il a besoin jusqu’au moment où nous serons sortis de ses mains, et où il aura cessé d’être responsable de nous vis-à-vis de Roumanika.