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DE LONDRES A ZANZIBAR. 33 notre expédition. Il regrettait que les frais énormes nécessités par le moindre voyage à l’intérieur ne permissent pas à ses offi ciers de tenter quelque exploration du même genre. Mais les chefs makouas sont intraitables et soumettent le voyageur à des exactions ruineuses. Le 9 août, nous partîmes de Mozambique, et le lende main nous rencontrâmes, arrivant à nous, un bâtiment né grier qui se hâta de battre en retraite et de prendre chasse dès qu’il nous eut aperçus. Quatre heures de poursuite achar née le mirent enfin sous les canons de la Brisk, et l’obli gèrent à se rendre. C’était un navire parti de la Havane, soi-disant à la destination de Hong-Kong, sous le nom de Sunny-Souih; débaptisé en route, il s’appelait maintenant la Manuela et faisait la traite dans ces parages. Presque tout l’équipage était espagnol, y compris le capitaine, qui se dés espérait de sa mauvaise chance; le fait est que si nous n’avions pas eu le vent en notre faveur, son bâtiment, excel lent voilier, nous eût certainement échappé. A son bord étaient cinq cent quarante-quatre malheureux, tous enfants, à l’excep tion de quelques vieilles femmes. Ils appartenaient pour la plupart aux peuplades vouahiyow et, pris durant les guerres, avaient été vendus aux Arabes de la côte, — entreposés, jusqu’au moment de la vente, dans des huttes où on lus lais sait mourir de faim, — et finalement jetés à fond de cale où ils respiraient l’atmosphère la plus infecte. Ceux d’entre eux à qui restait quelque force en profitaient pour se hisser jusqu’aux écoutilles et humer de temps en temps l’air du dehors; les autres se disputaient, comme autant de chiens, des débris de poisson salé qu’ils trouvaient çà et là sur le plancher de leur cachot flottant. Spectacle hideux qui semblait exaspérer les matelots de la Brisk, et redoubler en eux la haine de l’infâme commerce dont la répression leur était confiée. Le 15 août, la Manuela fut renvoyée à Maurice, et, après avoir traversé les îles Comores, nous arrivâmes, le 17, à notre destination, c’est-à-dire à Zan zibar 1 . La capitale que j’avais laissée, seize mois auparavant, dans des conditions bien différentes, sous le coup d’une guerre Les aborigènes, les Vouakhadim donnent à cette lie le nom de Lungouja; les Vouasouahili actuak (les habitants de la c&te) l’appellent simplement Un- gouja. * * *