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476 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. des présents. Lorsque tout sera terminé avec eux, notre tour viendra. 16 septembre. — Nous nous sommes tenus en repos toute la journée, pour étudier l’effet que cette attitude purement expec tante produirait sur l’obtuse nature du personnage à qui nous avons affaire. 17 septembre. — Décidément las de la captivité où on nous laisse, entre une rivière peuplée de crocodiles et des marais qui nous environnent de toute autre part, j’ai fait informer le roi par Kajunjou, qu’il nous était impossible d’y tenir plus longtemps. « Puisqu’il ne se soucie pas de voir les hommes blancs, nous de mandons l’autorisation et les moyens de partir immédiatement pour le Gani. » Les Vouakoungou, qui apprécient assez bien les inconvénients de notre situation, se hâtent de transmettre nos paroles. Kamrasi répond « qu’il fait des préparatifs pour nous recevoir avec toute la solennité requise; hier, s’il n’avait plu, nous aurions été admis à nous présenter devant lui. Dans aucun cas, il ne nous laissera partir sans l’avoir vu. » 18 septembre.— Enfin nous avons eu notre audience, mais non sans de nouvelles difficultés. Notre hôte, obéissant à ses instincts soupçonneux, prétendait faire examiner d’avance, par ses offi ciers, les objets que nous lui destinions. Il ne me convenait pas d’accepter de pareilles méfiances, et je me suis obstinément re fusé à cette investigation préalable. Kamrasi a fini par y renon cer, et nous sommes partis, l’Union-Jack en tête, pour nous em barquer sur trois grands canots qui devaient nous faire traverser la Kafou. Sur la rive en face de nous on avait élevé, tout exprès pour la circonstance, une petite hutte où le lever aura lieu dans un fond abrité, loin de tout regard curieux. C’est là que le grand roi nous attendait sur un tabouret de bois que supportaient, au sommet d’un tertre gazonné, deux tapis superposés, l’un de peau de vache, et le second de peaux de léopard. Ainsi enveloppé de mbougou, calme, impassible et muet, on aurait dit un pape dans toute la majesté de son rôle pontifical. Ses cheveux, longs d’un demi-pouce, formaient de petits nœuds autour de sa tête. Il a les yeux très-fendus, le visage étroit, le nez proéminent, et quoi que fort bel homme, est moins grand que Roumanika. Une peau de vache, formant dais sur le toit, arrêtait la poussière dans sa chute ; un rideau de mbougou masquait la portion inférieure du