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464 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. autrui, ni m’imposer des sentiments hostiles envers ceux dont je désire cultiver l’amitié. L’honneur ne me commande pas seule ment d’entrer en rapport avec Kamrasi; je me dois aussi d’exé cuter les ordres de mon pays, comme vous ceux de votre prince ; de plus, j’ai engagé Petherick, par une lettre datée du Karagoué, à venir me trouver chez le roi de l’Ounyoro, et il ne me convient guère de l’abandonner aux mains d’un ennemi aussi mal disposé que le serait Kamrasi, dans le cas où je rétrograderais mainte nant. » Mon interlocuteur crut avoir meilleur marché de moi par des paroles flatteuses : *—A beaucoup d’égards, disait-il, vous avez raison ; mais vous devriez plus de déférence à notre roi qui vous aime comme un frère. Nous avons tous remarqué sur quel pied de familiarité il s’était mis avec vous, et il n’en sera que plus froissé de vous voir renoncer à sa protection, comme vous semblez vouloir le faire. Je ne vous l’ai pas dit plus tôt, mais sa grande préoccupation est celle-ci : — Comment me justifier vis- à-vis de Roumanika, si Kamrasi portait dommage au Bana? Que n’ai-je su, ajoute-t-il encore, ce qu’on pouvait redouter de Kam rasi!... Jamais je n’aurais souffert que le Bana se rendît auprès d’un sauvage pareil. Et maintenant, si je ne craignais les consé quences d’une panique, je l’enverrais enlever par des forces suf fisantes.... Au reste, etdans le cas où il le faudrait absolument, je pourrais lui ouvrir à main armée les chemins du Gani. » Quand il me vit sourd à ses flatteries et à ses promesses indirectes, Budja revint aux menaces : « — Prenez garde aux suites de votre désobéissance, et comptez qu’il dépend de nous de vous fermer les routes du nord.... Kamrasi est de tous côtés en guerre avec ses frères, etMtésa peut s’allier avec eux quand il le voudra.... Le cas échéant, que deviendrez-vous ? » Ces arguments me touchaient peu; mais les Vouangouana y prêtaient une oreille attentive et, toujours poltrons comme des lièvres, me firent demander une audience où ils comp taient m’exposer « qu’ils étaient décidés à me quitter, si je leur fermais ainsi toute issue en me brouillant avec Mtésa. » Je répon dis à Bombay que je regardais comme parfaitement inutile de conférer avec un tas de misérables aussi dépourvus de courage que de bon sens : * — S’ils veulent me quitter, ajoutai-je, qu’ils me laissent seulement leurs fusils.... Au surplus, dès qu’ils arri veront sur la côte, je garantis à chacun d’eux trois bonnes an-